Évêques prédécesseurs

EVEQUES PREDECESSEURS

A. VICARIAT APOSTOLIQUE DU KIVU

1. Mgr EDouard LEYS (1930-1945) : Prermier Vicaire Apostolique du Kivu

                       Avant sa création, le vicariat Apostolique du Kivu faisait partie  du Vicariat Apostolique du Haut-Congo(l’actuel Haut Lomami) dirigé par Mgr Victor Roelens (1894-1930). Partis de Beaudoinville(Moba actuel) les misionnaires arrivent dans l’Ubembe (Lusenda+ Kibanga+ encore Lusenda en 1901), et l’instabilité vécue dans cette contrée les poussa à aller plus loin au Kivu pour la première fois par la porte de Cibimbi Nyangezi(1906), puis à Cibimbi de Katana(1910) mais les Pères ont déménagé pour s’installer à Mwanda(1914). D’autres partirent  à Rugari dans le Nord Kivu actuel(1913), les autres  à Burhale (1921) et les autres à Kabare(1922)  d’autres encore  à Mungombe dans l’Urega (1928). Outre les Missionnaires d’Afrique masculins, la branche féminine (les Sœurs Blanches) est présente à Mwanda depuis 1920.

Mgr Edouard  Leys fut le premier Vicaire Apostolique de ce vicariat Apostolique nouvellement créé.

Son activité pastorale dans un contexte tout nouveau constitua une base solide sur laquelle ses successeurs viendront édifier l’Eglise du Kivu en général et celle de Bukavu en particulier.

  1. Qui est Mgr Edouard Leys ?

Mgr Edouard Louis-Antoine–Leys naquit à Bruges le 5 juillet 1889. Il fit ses humanités au collège de sa ville natale. En septembre 1908, il entra chez les Pères Blancs. Il entama la philosophie à Anvers et la termina à Boutchout. En 1910, il fut au noviciat Ste Marie (Maison Carrée). De là, il se rendit à Carthage où il prononça son serment de Missionnaire d’Afrique le 29 juin 1913. Il reçut l’ordination sacerdotale le 17 juin 1914.

Appelé sous les drapeaux il fit la guerre de 1914-1918 comme aumônier militaire et s’occupa des brancardiers. Son rêve se réalisa avec le départ en mission dans l’Urundi en 1927. C’est là précisément à Kiheta, après deux ans d’apostolat qu’il apprit sa nomination comme Premier Vicaire Apostolique du Kivu. Il rentra en Belgique et, le 21 avril 1930, dans sa ville natale, il reçut la consécration épiscopale des mains de Son Excellence Mgr Waffelaert dans la Cathédrale de Bruges. A son retour le 18 octobre 1930, accompagné de trois prêtres qu’il venait lui-même d’ordonner en Belgique à savoir  les Pères Roger Camerlynck, Alphonse Van Hoof et Paul Rosseel, il élut domicile à Mugeri jusqu’à sa mort le 10 Août 1945 et c’est là qu’il fut enterré.

  1. Les œuvres de Mgr Leys

A son arrivée dans le vicariat, il y avait seulement sept missions dont une inoccupée, une école de catéchistes avec un embryon de Petit Séminaire. Dans ces missions, les écoles étaient à peine fréquentées et les constructions étaient insuffisantes. Au niveau de la formation spirituelle, les élèves que l’on envoyait au grand Séminaire de Kabgayi au Rwanda sans connaître suffisamment le français devaient recommencer une partie de leurs études.

Le personnel du Vicariat comptait 18 Pères Blancs, 5 frères 13  Sœurs Blanches en tout 38 Missionnaires d’Afrique.

Les baptisés étaient 12.500 et les catéchumènes 8.500. Les résultats étaient loin d’être médiocres si l’on tient compte du fait que le pays n’était pacifié que depuis une quinzaine d’années.

La superficie  du Vicariat était de 69.695km2. Les habitants selon les recensements d’alors étaient au moins 760.000. On comptait au moins vingt tribus différentes ayant chacune sa langue, ses mœurs et ses chefs.

Mgr Leys a très vite compris que si vraiment l’Eglise voulait prendre racine dans un pays, il fallait absolument que de leur propre milieu sortent les catéchistes et des prêtres. Ce qui ne pouvait se faire sans écoles et sans séminaire. C’est sa première et grande préoccupation. C’est l’un des motifs pour lequel il avait établi sa résidence au milieu de son petit séminaire et de son école de catéchistes. Il multiplia ses demandes auprès de ses supérieurs pour obtenir une main d’œuvre abondante et des fonds nécessaires pour la fondation des missions et des œuvres sociales.

Le 22 octobre 1932, une deuxième congrégation de religieuses, celle des Sœurs de la Sainte Famille, vint s’établir au Kivu à Irhonda-Byuhu(Kabare) à proximité de la mission dont le Frère Georges de Smit a constuit l’Eglise en 1931.

En 1932, le frère Benoît, le premier frère  de la Congrégation des « Serviteurs de Jésus » fondée par Mgr Leys, a fait sa première profession. En 1933, une neuvième mission vit le jour par Richard Cleire : la mission Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus sur l’actuel site de Bugabo-Economat Général.

Le 3 septembre 1933, une dixième mission du Kivu voit le jour à Uvira dont  les Pères Viaene, Feys et De Wilde. En 1934, les Sœurs Blanches allèrent occuper une mission à Mahero(Katana) afin de pouvoir s’occuper de la clinique et de l’Hôpital fondés par Fomulac.

Au mois de septembre 1934, Mgr Leys sépara le séminaire de l’école normale, les deux institutions restant à Mugeri, mais évoluant de manières différentes. Aux petits séminaristes, on imposa le français pour mieux les préparer aux études au grand Séminaire. A l’école normale, le Swahili. Cette même année les Sœurs de la Sainte Famille de Kabare ouvrirent une école pour filles européennes en attendant la construction d’un pensionnat à Bukavu qui fut réalisé sous le nom de Pensionnat Albert I, le jour de Noel 1936, pour l’éducation des Filles européennes.

Le 2 février 1935 fut un jour de bénédiction pour le vicariat : les quatre premières filles du Kivu firent leur profession dans la « Congrégation des  Filles de Marie » dont la direction était confiée aux Sœurs  Blanches.

Succursale de Mwanda, l’ile Idjwi, au milieu du lac Kivu fut évangélisée par des catéchistes, et c’est au Sud, à Kashofu que voit le jour la onzième mission du Kivu, le 27 décembre 1936. Ce fut la dernière à être fondée par Mgr Leys.

En 1937, des bâtiments provisoires furent construits à la mission Sainte Thérèse de Bukavu où les garçons européens purent y commencer leurs études en attendant l’achèvement du Collège Alfajiri.

En 1938, les machines de l’imprimerie arrivent à Mugeri et au mois de septembre 1939, une école secondaire sut installée à Karhongo(Nyangezi) sous la direction du Père  De Beukelaer.

Le plus beau jour du vicariat fut sans conteste le jour de l’Assomption 1940 où Mgr Leys conféra le sacerdoce aux deux premiers prêtres natifs du pays : l’Abbé Jean Mahano(originaire de  Lulenga/Rugari et l’Abbé Joseph Busimba (originaire de Jomba). Ce fut à Mugeri où tous les supérieurs de missions et une foule de chrétiens assistèrent à cet événement solennel.

Le 10 août 1941 fut encore un jour de consolation et d’encouragement : deux nouveaux élus furent ordonnés prêtres : l’Abbé Cyrille Kamira, premier prêtre mushi, originaire de la mission de Mwanda, et l’Abbé Victor Bikuba,  de Bobandana.

Le 01/11/1941 commença à paraître le mensuel « HODI », rédigé en swahili à l’imprimerie Mugeri. Ce mensuel qui avait pour but  de former et informer était dirigé par le Père Gérard de Geeter dont la compétence n’avait d’égale que son zèle à répandre la Bonne Nouvelle. Ce mensuel connut bientôt une large diffusion. A la troisième année de sa parution, il comptait déjà 9.000 abonnés.

Mgr Leys s’est usé au service. Il a eu un cancer à l’estomac accompagné de sciatique et de phlébite. Il dut écrire lui-même  sa lettre de démission au Pape pie XII. Ce fut une grande joie pour lui le 14/01/1945 quand il apprit que le Révérend Père Richard CLEIRE, supérieur du Grand Séminaire de Nyakibanda avait été élu comme son successeur. A l’occasion du sacre de Mgr Cleire qui eut lieu à Constermansville le 4 mars 1945, il reçut la visite de plusieurs évêques. Mgr Richard Cleire s’empressa de lui donner sa bénédiction ; vinrent ensuite leurs Excellences Nosseigneurs Matthysen (Lac Albert), Morlion (Baudoinville), Piérard (Béni), Deprimoz(Ruanda), Grauls(Urundi).Le 10 août 1945, après une longue et pénible maladie, Mgr Leys rendit l’âme. Il fut enterré le lendemain  derière la chapelle du Petit Séminaire de Mugeri, à l’endroit qu’il avait indiqué, de son vivant !

2. Mgr Richard CLEIRE(1945-1952)

                            Mgr Cleire a hérité un vicariat dynamique : 12 missions où travaillaient 47 Pères et 3 Abbés, 11 frères blancs, 47 Sœurs européennes, 15 frères congolais, 15 sœurs congolaises et 543 catéchistes, 1 petit séminaire avec 64 élèves, une école normale avec 154 élèves et une école moyenne qui comptait 82 élèves, un pensionnat et un collège pour enfants européens. La Fomulac a deux hôpitaux, un pour européens et un pour les congolais. Il existait aussi un mouvement d’Action Catholique florissant. Sur une population estimée à ce moment-là à 82.000 âmes, Mgr Leys a légué à son successeur 66.962 chrétiens et 13.047 catéchumènes. Les résultats obtenus étaient brillants compte tenu de la pauvreté des moyens et des difficultés provenant de la deuxième guerre mondiale.

L’action pastorale de Mgr Cleire, dans un esprit novateur et clairvoyant a consisté au début à militer pour doter le Kivu des moyens ecclésiastiques conséquents au niveau social et religieux. Ensuite, convaincu que la colonisation n’était qu’une étape provisoire et donc passagère, il s’attela à préparer les congolais à affronter l’ère des indépendances futures en réformant les programmes par des manuels scolaires d’enseignement au primaire comme au secondaire de manière à rivaliser avec les écoles du même degré en Europe. Pour le petit Séminaire, il n’aura de répit que lorsqu’ il réussit à faire homologuer par l’Etat les diplômes de fin d’études. 

Il a en outre ouvert le vicariat à d’autres congrégations religieuses(frères Maristes, Barnabites, Les Auxiliatrices de l’Apostolat des Missions…) tout en poussant l’évangélisation vers le sud-ouest ou il créa le poste de Shabunda distant de 335km de celui de Mungombe qu’il déplacera par la suite à Kamituga.

Mais l’heure sonna de créer le vicariat de Kasongo et il  y fut transféré comme évêque en 1952. La partie sud du vicariat du Kivu lui céda trois postes (Shabunda, Kamituga et Baraka) et le Petit Séminaire de Mungombe. Celui-ci a été commun aux deux vicariats pendant quelques années.

Arrivé à Kasongo, Mgr Cleire se mit à organiser son nouveau territoire de 93.896km2. Le vicariat comportait deux régions fortes distinctes : le Maniema, autour de Kasongo, fort islamisé et ayant la réputation d’être difficile et l’Urega, immense, peu peuplé mais fort accueillant. Il voulait même un diocèse de l’Urega mais avec la création d’uvira comme diocèse en 1962  emportant une partie de l’Urega et Fizi, étouffa son projet. 

3. Mgr Xavier Geeraerts (1952-1954)

Mgr Xavier Geerearts reçut le sacre épiscopal à Anvers en Belgique le 25 mars 1952. Il a hérité le vicariat apostolique de Constermansville, comme on l’appelait à ce moment là dans un état d’évolution profonde: économique, industrielle, sociale, religieuse. Les œuvres multiples se développaient sous l’impulsion des autorités civiles et religieuses. Il y avait une cinquantaine de religieux éducateurs, prêtres et frères.  dix prêtres africains s’y affirmaient aussi, une quarantaine de soeurs africaines  et 25 grands séminaristes faisaient miroiter un avenir radieux. Les mouvements de jeunesse, les cercles d’intellectuels, la Légion de Marie, les mouvements d’Action Catholiques prenaient leur essor.  Mgr Cleire lui a laissé une très belle cathédrale que lui même eut la joie de consacrer en Novembre 1951.

Arrivé à Bukavu, Mgr Xavier Geerearts fut bien reçu et après une tournée de visite des missions, il fonda le poste de Kadutu. Une dix-septième mission, celle de Walungu fut fondée reprenant environ 60.000 âmes à la mission de Burhale qui en comptait plus de 140.000. L’année 1952 vit l’ordination sacerdotale de l’Abbé Florentin Bwale et celle de l’Abbé Vincent Mulago, les prêtres congolais était maintenant au nombre de 12.

Une année seulement après son apostolat, Mgr Xavier se sentit mal (dépression)et il dut rentrer en Belgique pour les soins mais sans succès.  Ente-temps, la direction du vicariat fut confié au Révérend Père Alphonse de Beukelaer comme intérimaire jusqu’en 1955, où l’on nomma de Mgr Van Steene comme coadjuteur et ce n’est que deux après que le titulaire présenta sa démission.   

Cependant, quelques événements heureux : en 1953, les Pères Trappistes de Scourmont(Belgique) viennent et s’installent à Mokoto, deux Petites Soeurs de Charles  de Foucauld s’installent à Kadutu Trois nouveaux prêtres  furent ordonnés: Faustin Mushmbarhwa, André Mituga et Léopold Muhima. La première pierre fut posée pour l’Eglise de Kadutu et celle du Collège Kitumaini à Mbobero. Dans le domaine des Mass Media, une bibliothèque a vu le jour, une nouvelle petite revue appelée « Kindugu » aussi qui au bout de 6 mois comptait déja 15.000 abonnés sans obstruer  le mensuel « Hodi » qui continuait son prestige. Le Père Defour lance son mouvement des Xavéris sur base scout mais plus religieuse et plus africaine pour donner aux enfants un esprit plus grand de charité, d’apostolat et de prière. l’Abbé Runyoro a commencé un mouvement pour filles « Makera » à Kabare Notons qu’en date du 6 janvier 1954, un décret du Saint-Siège, changea le nom de Vicariat apostolique de Constermansville en Vicariat apostolique de Bukavu. Mais l’événement de l’Année fut l’ordination sacerdotale des Abbé Kadigi Richard, Burume Aloys, Kaningu Adolphe et Mulindwa Aloys à Kabare par Mgr Richard Cleire le 24 avril 1954.

Au mois de janvier 1955, les Soeurs Trappistines de l’Abbaye d’Igny(Rems) viennent fonder le monastère à Murhesa; les petits séminaristes reviennent de Mungombe à Mugeri tandisque l’école normale devait s’ouvrir à Bobandana. 

De 1957-1971, Mgr Xavier Geerearts passa  les moments les plus pénibles de son pèlerinage terrestre. Il vivait retranché dans sa chambre à la Procure d’Anvers

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. le 23 février 1971, la soeur infirmière le rencontra mort, assis sur son fauteuil. Il avait comme devise « Per Jesum Christum! »

 

  1. Mgr LOUIS VAN STEENE (1956-1959)

Mgr Louis Van Steene arrive à Bukavu le 1/03/956. Le vicariat recouvrait encore le territoire des trois diocèses actuels : Bukavu, Goma et Uvira. Mgr Van Steene  prit avec courage la succession de son prédécesseur dans un horizon socio-politique de plus en plus sombre et il était tout nouveau venu. Il commença par visiter tous les postes de missions et communautés pendant deux mois.

A son retour il félicite tous ses collaborateurs et spécialement le Père Beukelaer qui avait administré le Vicariat pendant  deux ans avec prudence et dévouement. Sur une population globale estimée à 1.025.000 habitants, on comptait 181.520 baptisés catholiques, 11 Frères, 37 prêtres d’autres congrégations, 17 prêtres congolais, 27 Frères européens, 26 Frères congolais, 95 religieuses européennes et 60 religieuses d’origine locale.

Un des faits marquants de son ministère fut l’ordination sacerdotale de trois abbés : André Munyankuyo, Sylvestre Ngami et Alphonse Runiga dans la nouvelle Eglise paroissiale de Kadutu.

1958 voit naître au nord du vicariat, la mission de Rutshuru et le transfert de celle de Mutongo à Masisi et en avril 1959, Mgr Van Steene inaugure celle de Matanda et  au mois d’Août, celle de Walikale à l’extrémité nord-Ouest.

Au point de vue politique notons la naissance du Mouvement National Congolais (MNC) le 1er octobre 1958 dont l’un des objectifs était la conquête de l’indépendance du pays.

Au cours de cette même année, les Pères Xavériens de Parme arrivèrent à Bukavu et à la fin de l’année fut fondée la mission de Murhesa.

Compte tenu de la situation socio-politique agitée (notons ici les émeutes de Léopoldville le dimanche 4 janvier 1959) par rapport à l’accession du pays à l’indépendance, Mgr Louis Van Steene  résolut d’éclairer ses ouailles par des lettres pastorales. Sa devise fut « Omnia Omnibus » : disponible à tous surtout envers son personnel ecclésiastique par ses conférences, ses retraites et récollections. Une première lettre pastorale traduite en Français, Kiswahili, Mashi et Kinyarwanda,  sur « la charité fraternelle », sous un ton réconciliateur fut adressée à tous les chrétiens. Mgr y présenta la charité comme la loi fondamentale de la vie chrétienne. Il en expliqua la nature et demanda de la favoriser entre races et tribus, classes sociales et époux. Il recommanda de ne pas juger, de ne pas condamner, de ne pas s’insulter et, il faut aller  même jusqu’à  l’amour des ennemis.

Sa deuxième lettre pastorale ne se fit pas attendre sur « l’Eglise et l’avenir du Congo », tellement le climat devenait particulièrement tendu. Son message s’articula sur cinq grands points à savoir :

  1. l’Eglise guide des chrétiens dans la vie du pays ;
  2. l’Eglise veut l’indépendance du Congo dans la justice et dans la charité ;
  3. l’Eglise veut le bonheur du Congo indépendant ;
  4. l’Eglise veut aider le futur gouvernement congolais ;
  5. l’Eglise et les partis politiques.

Le vicaire apostolique conclut sa lettre ainsi : « Les hommes et les Gouvernements sont dans les mains de Dieu : c’est Lui qui gouverne le monde. Beaucoup de gouvernements ont combattu Dieu et l’Eglise mais tous ont disparu ; l’Eglise est restée et restera toujours. Le Christ l’a promis à Saint Pierre : ‘Les portes de l’enfer ne pourront rien contre elle’. Dieu gouverne aussi le Congo : nous devons donc le prier avec ferveur et confiance pour qu’il vous donne des chefs qui travaillent pour le bien du pays et qui observent les lois de Dieu ».

Dans l’entre-temps, le 30 juin 1959, le pape Jean XXIII érigea le Vicariat Apostolique de Goma en détachant ce territoire du Vicariat de Bukavu.  Sa création ainsi que ses limites furent définies dans la Bulle « Qui hominum ». Cependant Mgr Van Steene  fut nommé Administrateur de ce nouveau vicariat, par décret de la Sacrée Congrégation de la Propaganda Fide, en attendant de trouver un titulaire. 

Cette même année, à  Bukavu, le personnel ecclésiastique ne fait prendre de l’essor : trois Dominicains arrivent pour s’occuper du cours de religion à l’Athnée, nous voyons à l’œuvre le Père Aarts dans la pastorale des enfants de la Cité utilement nommée « Statuons de Plein Air »  A Bagira , la pastorale des enfants est bien fournie :  Michel Chenyange, remplacé par Protais Mundere s’occupait des enfants plus grands, Alphonse Balolebwami des petits et Herman Muzindusi des moyens. A  la mission Sainte Thérèse, Patrice Mituga, Aloys Karhalya, Manassé Mujoka et Jean Katangutere poursuivaient le même apostolat. Les premiers animateurs responsables étaient de grands séminaristes aidés par les petits séminaristes.

Le pape Jean XXIII, résolut  de découper les circonscriptions ecclésiastiques en Archidiocèses et diocèses  suffragants par la Constitution Apostolique  « parvulum  granum sinapsis » Mgr Louis Van Steene fut nommé premier Archevêque de Bukavu.

B.ARCHIDIOCESE DE BUKAVU

  1. Mgr Louis Van Steene(1959-1965)

Le 17 janvier 1960, le nouvel Archevêque de Bukavu se vit imposer le pallium par Mgr Cleire, évêque du diocèse suffragant de Kasongo à l’issue d’une messe solennelle célébrée au Stade Baudoin de la Paroisse de Kadutu. Il inaugura ainsi son rôle de métropolitain de la province ecclésiastique du Kivu.

Le 10 avril 1960, l’Osservatore Romano annonca la nomination de l’Abbé Joseph Busimba comme évêque du nouveau diocèse de Goma. Celui-ci fut ordonné évêque par le pape lui-même en personne le 8 mai 1960. Es L’Archidiocèse de Bukavu céda neuf paroisses au nouveau Diocèse de Goma. Il lui en resta 15.

En la date historique du 30 juin 1960, la République Démocratique du Congo accède à l’indépendance. L’Episcopat du Congo manifesta son soutien à cet événement capital par une lettre qui fut lue dans toutes les paroisses.

A ce moment, la paroisse de Nyantende préparée depuis des longues années  par le père De Vos, fut définitivement occupée par trois prêtres cette année-là mais l’année 1961 a été de toutes les couleurs néfastes pour les agents de l’évangélisation dans notre archidiocèse tant européens que autochtones(Cfr le meurtre du Père Renaat De Vos, au couvent des prêtre à Kadutu le 16 février 1961 par des mutins; la paroisse fut même incendiée, Mgr l’Archêveque a du quitter son domicile, de la paroisse Sainte Thérèse, à 2 km de Kadutu, vraiment de justesse pour se réfugier vers l’Hôpital Général et de là au camp des militaires. Le lendemain il célébrera la messe à l’Hôpital devant le corps mutilé du père tué la veille.

Ce n’est que de justesse que l’armée Nationale Congolaise et les casques bleus onusiens purent dégager les prêtres encore cachés dans le presbytère en flammes de Kadutu et ceux à Sainte Thérèse.

Une centaine de missionnaires, Pères, Frères et Sœurs furent évacués et mis à l’abri dans le Collège Alfajiri des Jésuites sous la garde des casques bleus. Ce drame s’est passé aussi dans d’autres diocèses du Congo indépendant jusqu’au début de l’année 1962, ce fut le cas à Kongolo où une trentaine de Pères du Saint Esprit furent sauvagement massacrés,  à Kabare un conflit autre de lutte dynastique.

C’est dans  ce contexte de la fièvre des troubles post-indépendance et  du bon vouloir  poursuivre  la mission évangélisatrice dans la claire vision d’action pastorale que  se poursuivit l’action pastorale. Déjà au 15 février 1960, Mgr l’Archevêque  organisa par le biais du Centre Pastorale de Liturgie une réunion d’enquête sur la valeur du mariage coutumier chez les Bashi. Ce fut fait à Bagira et dans le souci d’élucider la doctrine de l’Eglise par rapport à la tradition locale sur la question.

En outre il reprit sa plume et  le 19 mars 1961 sortit une lettre marquée par les dures épreuves du moment surtout la mort du Père De Vos tué au presbytère de Kadutu. Mais il exhortait au courage et à la confiance en Dieu. Aussi la lettre se terminait par le « Te Deum Domine in te Domine non confundar in aeternum ! ».

Le 16 mai 1961, une autre lettre demanda aux curés de créer un conseil paroissial avec des atributions  précises explicitées dans la revue « En famille » de la même année. Et par un concours de circonstance comme pour être sur d’enraciner l’Eglise dans le milieu, Monseigneur Mulindwa, alors Vicaire Général fut nommé Prélat domestique de Sa Sainteté le Pape Jean XXIII.

Le 11 août 1961, une autre lettre de Mgr l’Archévêque parla de l’érection canonique des paroisses et des doyennés.

Malgré les difficultés du temps,  quelques avancées significatives dans la dynamique de l’évangélisation :

  • Mgr l’Archevêque parvint à fonder une nouvelle paroisse à Ciherano.
  • Les Filles de Marie Reine des Apôtres élirent leur première supérieure générale en la personne de Mère Madeleine Rutazihana. Elles assument ainsi elles-mêmes le gouvernement de leur congrégation
  • Le 16 avril 1962, Rome décida l’érection du diocèse d’Uvira qui fut confié aux Pères Xavériens de Parme avec le nouvel évêque Mgr Danillo Catarzi, déjà Administrateur Apostolique de la région d’Uvira depuis un an. Mgr l’Archevêque Van Steene, assisté de Mgr Cleeire et de Mgr Busimba, ordonna le nouvel évêque d’Uvira le 15 juillet 1962. L’Archidiocèse de Bukavu lui céda trois paroisses : Uvira, Kiliba et Kiringye tandisque cinq autres furent détachées du diocèse de Kasongo. Ainsi, l’Archidiocèse de Bukavu connut vraisemblablement sa dernière partition. Il comprenait alors les territoires de Kabare, de Ngweshe, la ville de Bukavu et une partie du territoire de Kalehe et de Mwenga. Sa population, après ces multiples divisions resta de 525.700 âmes dont 164.456 catholiques et 86.900 catéchumènes pour un ensemble de douze paroisses.
  • La cure de la paroisse de Kadutu, qui avait été incendiée fut reconstruite sur fonds du gouvernement provincial et le 17 juin les Pères purent récupérer leur habitation. Les Pères Lauwers et Defour, qui avaient été expulsés par le gouvernement précédent retournèrent à Bukavu. Ce fut le calme après la tempête.
  • Le 5 août, trois abbés furent ordonnés prêtres : Jacques Bakorongotane, Déogratias Ruhamanyi et Herman Muzindusi.
  • Le 11 octobre 1962 eut lieu l’ouverture solennelle du Concile Vatican II. Le pape Jean XXIII ouvrit la première session en présence de 2.600 évêques dont 800 des pays des missions. A Bukavu, un Centre d’Etudes pour le Développement Rural fut lancé : l’I.S.A (Institut Social Africain). Il fut érigé en partie sur le terrain de l’ancienne mission Sainte Thérèse, laquelle déménagea à l’O.P.A.K(Burhiba). L’I.S.A fit des rapides progrès et son nom fut changé bientôt en « Institut Supérieur d’Etudes Sociales (I.S.E.S) pour mieux marquer ses buts spécifiques. Quelques années plus tard, ce centre fut intégré à l’Université National du Zaïre et devint l’Institut Supérieur de Développement Rural (I.S.D.R).

En  1963, Mgr l’Archévêque organise à Murhesa une rencontre sous le thème : « Je suis le Bon Pasteur »  pour remonter le moral de ses collaborateurs  après les événements tragiques liées aux troubles de l’après indépendance et à tout le labeur du travail apostolique.

Mais la rébellion muleliste vint encore troubler la quiétude des chrétiens et des populations de l’Est de la RDCongo. C’est à Bukavu que l’avancée des mulelistes  fut stopée, grâce notamment à l’intervention du Colonel Mulamba  et de la population locale. A Bukavu, cependant il n’y eut aucune victime. Seulement dans d’autres diocèses, des Pères Blancs et autres religieux et religieuses et abbés furent massacrés par centaines. C’est entre autres le cas de Mgr Wittebols, évêque de Wamba, qui fut assassiné et  la Bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta Alphonsine, de la congrégation des Sœurs de la Sainte Famille.

Mgr Louis-Van Steene quitta le diocèse le  4 juillet 1964 pour aller participer  à la session de septembre du Concile Vatican II. Ce fut pour lui un chemin de non-retour  et il allait de soi que son Vicaire Général assurât au quotidien la gestion de l’Archidiocèse. 

Et, voici  que le 27 juillet 1964, les Frères Serviteurs élirent leur tout premier Supérieur Général ainsi que ses quatre assistants. Des postes de plus en plus nombreux furent confiés à la direction du clergé africain et le rythme de l’africanisation des cadres s’accéléra de plus en plus, lueur d’une église locale autonome.

Le 25 mars 1965, tout en étant au concile, Mgr l’archevêque écrivit une lettre circulaire aux Pères Blancs et aux abbés pour attirer leur attention sur la situation économique du diocèse presqu’au rouge et il invitait à l’acceptation de cette situation en comptant sur la Providence mais aussi en faisant les démarches nécessaires pour chercher les secours des bienfaiteurs en Belgique mais aussi à chercher des solutions locales : sensibiliser les chrétiens à leur devoir de subvenir aux besoins de l’Eglise par la dîme et aussi faire un « bon usage des biens » surtout les voitures et contrôler les dépenses ».

Le 24 mai 1965, Mgr Van Steene, qui a vécu pas mal d’événements douloureux et dont la santé était fort ébranlée, présenta sa démission au Pape. Mgr Joseph Busimba de Goma, fut alors nommé Administrateur Apostolique de Bukavu en attendant la désignation du successeur. Mgr Joseph Busimba  reconduisit Mgr Mulindwa comme Vicaire Général avec mandat du Nonce Apostolique de Léopoldville, Jean-Marie Maury.

Moins d’une année après, la nouvelle de la nomination de Mgr  Aloys Mulindwa Mutabesha comme Archevêque de Bukavu fut annoncée par le Nonce Apostolique en ces termes : « Vous avez le pasteur que vous désiriez, l’Archidiocèse de Bukavu est en de bonnes mains ». Ce communiqué officiel  de la nomination  du nouvel Archevêque a été prononcé  le samedi 29 janvier 1966 à 11h00.  Son prédécesseur, surtout à partir de 1982 déjà de santé fragile, vit son état se détériorer rapidement : d’une thrombose à une autre, un œdème pulmonaire s’y ajoutant et une embolie ayant provoqué une paralysie partielle, Mgr Louis Van Steene s’est éteint le 26 mars 1983, la veille du dimanche des Rameaux !

2. Mgr ALOYS MULINDWA MUTABESHA(1966-1993)

    Le ministère de Monseigneur Mulindwa mérite une étude à part vue l’influence qu’il eut sur l’Eglise de Bukavu. Nous épinglons toujours dans une dynamique chronologique les événements clés de son ministère en commençant par le début jusqu’à la célébration de l’année judiciaire en 1979. Ensuite nous verrons les faits caractéristiques allant depuis l’année jubilaire jusqu’à la convocation du synode diocésain. Enfin de ce synode nous arriverons à la fin de son ministère signé par la présentation de sa démission.

Son choix : une bonne nouvelle pour Bukavu

Né dans la paroisse de Burhale, Mgr Mulindwa fit ses études secondaires au Petit Séminaire de Mugeri. Il fit ses études philosophiques et théologiques d’abord au Grand Séminaire de Nyakaanda et de Burasira.

Il fut ordonné prêtre le 24 avril 1954. Après deux ans de ministère au Petit Séminaire de Mugeri comme Professeur, il fut envoyé aux études (psychopédagogiques) en 1956 à Louvain (Kinshasa) jusqu’en 1958. De retour à Bukavu, il fut successivement nommé curé de la Paroisse de Nyantende (1958-1999), de Kadutu (1959-1960) et plus tard Vicaire Général de l’Archidiocèse (1960-1966). Il fut enfin nommé Archevêque de Bukavu le 26 janvier est sacré le 20 mars de la même année. Il sera aussi Président de la Conférence épiscopale du Congo jusqu’en 1969.

L’épiscopat de Monseigneur Mulindwa s’est déroulé dans un contexte socio-politique et ecclésial très particuliers qui marquera tout son ministère. Le paysage socio-politique du pays était encore dominé par le mouvement de la guerre de sécession qui dura de 1960-1965. Il y avait un peu partout un remous des partis politiques et une recherche de positionnement politique qui portera au pouvoir le Président Mobutu pendant 32 ans. Bukavu avait été le théâtre des émeutes dictées par l’occupation des mercenaires sous les ordres de Jean Schrame. Au niveau ecclésial, son épiscopat coïncida avec la fin du Concile Vatican II dont les intuitions le pousseront comme il le dira lui-même, et nous le verrons, à convoquer un synode. Au niveau social, l’instabilité politique avait engendré un corollaire des maux qui suscitèrent cet appel en date 8 février 1966 et fut lu dans toutes les paroisses le dimanche 20 février en faveur des enfants victimes du « Bwaki » : maladie de la malnutrition. Ecoutons-le :

« Osons regarder en face ces misères sans nous en détourner égoïstement. Osons regarder la souffrance de ces enfants, la douleur des pères et des mères ; osons songer à tout ce que ce fléau enlève la force et la vigueur à nos populations (…). Je vous adjure tous, gouvernants, citoyens, organisations de prochains jours. Nous devons extirper de notre pays ce fléau, faire le maximum pour y arriver. J’espère ardemment que les chrétiens seront ici des exemples. Oui, chrétiens, il est temps de prouver par des actes que la loi de l’amour qui est nôtre n’est pas seulement un mot. Il est temps que tous et chacun mettant de côté ses discordes, ses haines et ses passions, dans un grand élan de générosité et d’effort, nous nous mettons tous ensemble au travail, avec tous nos frères quels qu’ils soient pour assurer à nos enfants les biens les plus indispensables et les plus nécessaires »[1].

La nomination de nouvel Archevêque fut pour tout le diocèse une bonne nouvelle car un fils natif du territoire devenait Pasteur au milieu  des gens. Ce fut en même temps un défi à relever à tous les niveaux à un moment tout particulier de l’histoire du Congo en général et de Bukavu en particulier.

Il faut assurer une transition digne entre le gouvernement des évêques missionnaires et l’avènement d’un évêque issu du clergé local. C’était le temps des héritions dirait-on ! Malgré les imperfections inhérentes à la vie humaine, le nouvel prélat se montra à la hauteur de sa tâche. En effet les structures solides sur lesquelles repose l’Archidiocèse de Bukavu plongent ses racines dans l’héritage missionnaire certes, mais c’est sans conteste aussi de Mgr Aloys Mulindwa.

Ses lettres pastorales qui abordaient avec compétence divers sujets étaient une mine d’approfondissement moral,  christologique et théologique. Ceux qui ont eu à discuter ou à travailler avec lui garderont l’image d’un homme administratif, avisé, attentif et d’un grand cœur. Il haïssait la médiocrité et était très solennel dans tout ce qu’il entreprenait.

 

Début de son ministère

Après la célébration de la Semaine Sainte, le nouveau pasteur convoqua tour à tour les conseils du diocèse pour une prise de contact du 11 au 19 avril à l’Archevêché. Du 28 avril au 26 juin, l’Archevêque visita toutes les paroisses et communautés du diocèse. Le mensuel « En famille »[2] donne les détails des premières rencontres chaleureuses avec toutes les paroisses.

Le 7 août fut célébré le jubilé d’argent de Mgr Cyrille Kamina[3], ptemier prêtre diocésain le août l’abbé Pascal Migayo fut ordonné à Cibimbi le  août Mgr l’Archevêque  présida l’ Eucharistie au cours de laquelle des filles de Marie émirent leurs vœux dans l’Eglise paroissiale de Kadutu.

Le personnel n’ayant pas augmentée, aucune nouvelle mission ne fut fondée dans l’immédiat malgré les nombreux besoins. C’était déjà un tout de force de maintenir la marche des paroisses et des œuvres existantes. A peine quatre ans après la dernière partition de l’Archidiocèse (lors de la création du diocèse d’Uvira), la population a dépassé de nouveau les 700.000 âmes.

Malgré les difficultés, les initiatives pastorales se poursuivirent. Le mouvement « Makera »[4] voit le jour par la voix de son aumônier diocésain Monsieur l’Abbé Christophe Runyoro. Quelques éléments essentiels du mouvement « Makera » furent portés à la connaissance de tous. Le but du mouvement « Makera » fut « de remédier dans la mesure du possible à des lacunes des jeunes filles illettrées : Révéler leur niveau resté trop bas malgré l’importance de leur vocation de mère de famille ». Un triple but est assigné aux adhérents à savoir : devenir des enfants exemplaires de Marie, christianiser les mœurs et les coutumes, apprendre à devenir des futures mères modernes.

Du 28 novembre au 3 décembre 1966, il y eut à Bukavu une grande réunion des évêques du Zaïre en commission d’études en vue de l’Assemblée Plénière de l’Episcopat en juin 1967. Y prirent part 14 évêques dont l’Archevêque de Kinshasa, Mgr Malula et gr Tshibangu recteur de l’Université de Lovanium

Au diocèse un conseil d’administration des biens matériels tenu en date du 21 décembre 1996 décida de transférer à Cibimbi le cycle d’orientation du Petit Séminaire dont l’implantation avait été prévue à Chibale (Mwanda). Cette décision fut dictée par des raisons économiques notamment la facilité d’approvisionnement en courant électrique.

C’est également l’année 1966 qui vit la fondation d’une nouvelle Congrégation de Sœurs autochtones : « L’Institut de la Résurrection ». leur formation fut fondée aux Sœurs du Saint Sépulcre de Tumbour dont quelques-unes furent détachées dans ce but de la communauté de Walungu. Ici il nous faut rendre hommage à la Sœur Hadewyck, fondatrice et animatrice de ce nouvel Institut auquel elle se dévoua corps et âme durant des années. Depuis plusieurs années déjà les Sœurs du Saint Sepulcre dirigent à Walungu un hôpital très fréquenté et des écoles. En date du 9 janvier 1967, Monseigneur Runiga, Vicaire général fut nommé prélat domestique de sa sainteté Paul VI[5]. De juillet à septembre une nouvelle épreuve s’abattit sur l’Archidiocèse : l’occupation de la ville de Bukavu par les mercenaires et les soldats Katangais sous les ordres de Jean Scramme toutes les paroisses furent évacuées par les missionnaires, excepté Murhesa et Ciherano. Une fois de plus, les abbés durant presque un an. Mgr l’Archevêque et quelques abbés prirent courageusement le risque de rester à Bukavu pendant l’occupation. Après la capitulation et le départ des mercenaires, toute la ville fut soumise à un pillage systématique. La paix revenue, Mgr Mulindwa décida de doter l’Ile Idjwi de la 21ème paroisse du diocèse située dans le nord de l’Ile à Bumpeta.

Vendredi 23 décembre 1967, un télégramme de la nonciature de Kinshasa annonce la nomination de Monseigneur Timothée Pirigisha comme évêque de Kasongo et de Monseigneur Joseph Mulolwa comme évêque de Baudouinville. Son sacre eut lieu à Kasongo le 4 mars l’Evêque consécrateur fut son Exc. Monseigneur Maury, Nonce Apostolique assisté de Monseigneur Mulindwa et de Monseigneur Busimba. La devise du nouvel évêque fut : « In spe et virtue Spiritus Sancti ».

Une conférence annuelle des Ordinaires du Kivu tenue du 20 au 24 février à Mutesa ayant eu à l’ordre du jour trois points, à savoir le Grand Séminaire, la Province ecclésiastique du Kivu et la situation du pays en général. On décida d’admettre les Vicaires Généraux aux réunions prochaines de la conférence. Sur le plan politique, une lettre circulaire des évêques du Kivu, réunis en Assemblée provinciale à Goma du 7 au 11 février 1968, concernant l’altitude à adopter vis-à-vis de la J.M.P.R. (Jeunesse du Mouvement Populaire de la Révolution) fut communiquée à chaque paroisse.

Commencé par le Père  des Frères Prêcheurs, l’Ecole Normale  Moyenne (E.N.M) reçut un nouveau directeur en la personne du Père Milani des Xavériens de Parme. Cette école fut ensuite incorporée à l’Université Nationale du Zaïre et deviendra de ses bâtiments furent assurés par des subsides provenant de la campagne de la campagne de crème des catholiques allemands par l’intermédiaire de « Misereor ».

La grande innovation de l’année 1968 fut la création du conseil prèsbytéral à l’issue du Conseil de l’Archidiocèse, le 12 mars 1967 et un conseil pastoral conformément aux Actes de la 7ème Assemblée plénière de l’Episcopat du Congo tenue à Kinshasa en juin 1967. Le synode diocésain, comme nous le verrons plus tard, insistera sur le rôle de ces structures dans la gestion de la pastorale d’ensemble au sein du diocèse.

Le lundi  mai 1969, une nouvelle dramatique plongera tout le diocèse dans la consternation. Trois pères Blancs dont un Zaïrois, originaire de Katana, se sont noyés dans le lac Kivu en route pour Bukavu. Surprise par une violente tempête, leur baleinière s’était renversée. Trois jeunes missionnaires disparurent ainsi en une seule journée. Les Pères Robert Surun, Godefroid Ngongo et Jean-Marie Glénisson. Seul le corps du Père Ngongo fut retrouvé après de longues et difficiles recherches. Il fut enterré au cimetière de Mwanda.

La fin de cette même année devrait être marquée encore par un double décès. Le jour de Noël, le Père Piet van der Lugt eut un grave accident d’auto et décéda quelques heures après son admission à l’Hôpital de la Fomulac. Il avait travaillé durant de nombreuses années à l’Economie Général en tant que coopérant laïc

Rappelons aussi qu’en cette année 1969, Mgr Malula, Archevêque de Kinshasa fut crée cardinal. Le Pape Paul V visita Kampala du 29 au 31 juillet. C’est dans cette ville qu’eut lieu la première réunion du Symposium des Evêques d’Afrique auquel  participa également l’Archevêque de Bukavu.

Le 14 décembre 1969, les Pères Barnabites fondèrent la Paroisse de Birava. Cependant la fête de l’érection de celle-ci fut déférée au premier février 1970. Soulignons aussi le doctorat en théologie obtenu par l’Abbé Ruhamanyi le lundi 22 décembre 1969 après la soutenance d’une thèse intutilé : « Les victoires de Yahwé dans le Psaume du règne 97 : un aspect particulier de l’universalisme vétéro-testamentaire Il fut inscrit  avec cette thèse comme le douzième docteur de l’Université de Louvain. Ce fut un exploit.

Toujours le même année, à Bukavu, se sont ouverts une maison de retraite et un couvent des Sœurs de la Résurrection dans le site d’Amani. Les Sœurs furent chargées de l’animation et de l’entretien de cette maison de retraite appartenant aux Pères Jésuites. Notons au passage que c’est durant l’année 1969 que la réforme de la liturgie de la messe fut partout introduite selon les vœux de Concile Vatican II.

Le 20 janvier 1970, la jeune Congrégation des Sœurs de la Résurrection s’installa à Cherano pour s’occuper du dispensaire rural de Kakono et offrir leur aide aux œuvres de la paroisse . Le 11 février 1970 fut publié un « mandement de carême »[6] sur la famille et le mariage. Voilà un thème controversé à l’époque comme aujourd’hui. La pasteur u souligna que la famille est honorée et protégée par l’Eglise et qu’elle constitue la cellule mère de la nation. Il fustigea au passage tous les ennemis internes et externes qui ébranlent la famille. Il rappela que la famille est une communauté d’amour et de vie, il parla abondement de l’éducation des enfants, des devoirs réciproques entre époux et enfants et de la situation concrète des familles. Dans une deuxième partie, le prélat souligne que le mariage est institué par Dieu comme sacrement fondé sur l’amour et que l’Eglise en est gardienne et protectrice.

Le 24 septembre 1970, les premiers Pères Franciscaines venant de la Yougoslavie arrivèrent à Bukavu grâce aux bons offices du Père Werenfied Van Straaten. Après s’être initiés au ministère pastoral, ils prirent en mains l’importante paroisse  de Burhale. Cette même année deux abbés français « Fidei Donum » se mirent à la disposition de l’Archidiocèse pour renforcer l’équipe des professeurs du Petit Séminaire de Mugeri.

En 1971, l’Archidiocèse consigna à la communauté diocésaine un « mandement de carême » sous forme de lettre pastorale sur la justice et la charité fraternelle. Et-il expliquera le pourquoi de la lettre en ces termes.

 « Si nous avons tenu à vous exhorter sur la justice et la charité fraternelle, la raison en est que nous sommes pleinement convaincus du fait que le droit des Dieu et celui du prochain a été lésé par nos actes d’injustice, par nos péchés. Or qui connait lésé le droit de quelqu’un se trouve, par le fait même dans l’obligation de le réparer. Quand à ce qui concerne le droit du prochain, il s’agit de respecter la personnalité de chacun et de ses droits, dans le la compréhension et la collaboration en vue de la construction de l’œuvre commune, la promotion de la Nation. Cela suppose que nous nous considérons comme frères. C’est dans la mesure où nous observons la moi de la justice et de notre pays, « Paix », « Justice », « Travail »[7].

Ce document était composé de quatre chapitres à savoir : gagner honnêtement sa vie, rétribuer honnêtement le travail, se garder de toute violence, bannir tout tribalisme et lutter contre la cupidité.

Le 21 janvier 1972, Frère Benoît Shamavu, premier religieux de la Congrégation des Frères Serviteurs s’éteignit à Kabare. Après avoir beaucoup souffert d’un mal qu’il savait incurable, il retourna à Kabare et c’est là qu’il mourut. Il venait d’atteindre 75 ans. Le 4 février 1972 fut annoncé me décès de la Sœur Agnès Suys. Elle était arrivée à Walungu en 1959 et y demeura constamment au service des malades tant à l’Hôpital de Walungu qu’à l’école es infirmières.

Une rencontre avec les Supérieurs responsable des Congrégations et Association religieuse ainsi qu’avec les assimilés fut convoquée et présidée le 20 décembre 1972 à la maison « Amani »[8]. Le motif de la rencontre selon les paroles du prélat fut le dialogue recommandé par le concile Vatican II et surtout la recherche d’orientation pastorale dans une certaine unité de vue. Unité ne signifie pas conformité précisa cependant l’Archevêque. Il développa son thème parlant d’une part de la situation de l’Eglise particulière et d’autre part de quelques remarques concernant le comportement au sein de l’Eglise Vicaire Général donna une conférence sur l’insertion pastorale dans la politique du recours à l’authenticité au Zaïre.

Le 2 février 1974, le Père R. Van Camp partit en congé. Il dut avant tout prendre un repos bien mérité et nécessaire à sa santé, après avoir réalisé beaucoup d’œuvres, notamment la construction de l’Eglise d’Uvira et de la menuiserie de Cibimbi ainsi que l’aménagement de l’archidiocèse de Bukavu.

Quelques jours après, à Amani le 7 février 1974, eut lieu une réunion au sujet de l’autofinancement du diocèse. Ce fut l’occasion d’un échange de vues des plus fructueux.

Le 7 septembre, Bukavu apprit le décès de Monseigneur Busimba, Evêque de Goma. L’abandon filial et la frappèrent profondément tous ceux qui l’assistèrent dans ses derniers moments. L’Archidiocèse de Bukavu doit beaucoup à cet homme. Il a travaillé à Katana et à Nyangezi. Puis fut administrateur apostolique de Bukavu. Huit évêques assistèrent à ses funérailles : Mgr Mulindwa Archevêque de Bukavu, Mgr Kataliko, Evêque de Béni-Butembo, Mgr Phocas Nikwigize, Evêque de Rhuhnegeri, Mgr Vincent Nseingiyunva, Evêque de Nyundo, Mgr A. Bigirumwami, ancien Evêque de  nyundo ainsi que Mgr Faustin Ngabu, son coadjuteur et successeur

De nouveau le pays connut un changement au niveau politique. Par ordre supérieur, toute presse non gouvernementale était suspendue. « Hodi » entre autres ne paraîtra plus. Les fêtes chrétiennes, comme la Noël, ne seront plus désormais chômés. Les crucifieux sont enlevés des écoles ainsi que les statues érigées dans les cieux publics.

Au diocèse, les Sœurs franciscaines croates, Sœur Bakovicz et Sœur Erika Dadiez arrivent à Bukavu en compagnie de leur Supérieur Générale. Sans tarder elles se mettent à l’étude di Mashi. Entre temps les Sœurs de la Résurrection ont fondé des nouvelles communautés Mubumbano où elles vont ouvrir un dispensaire et Walungu où elles travailleront à la maternité et feront la catéchèse à la paroisse. Les 10 et 11 septembre 1974, l’équipe des Œuvres sociales se réunit pour examiner les problèmes posés par son activité. Au programme :

Bref résumé de tout ce qui se fait dans les paroisses au plan social

Qu’attendent les paroisses des œuvres sociales ?

Pourquoi une action sociale sur l’initiative de l’Eglise ?

Comment intégrer l’action sociale dans une pastorale d’ensemble ?

Un mois plus tard, soit le 27 octobres, il y eut l’ordination épiscopale de Mgr Faustin Ngabu. Mgr Mulindwa fut le prélat consécrateur qui, durant l’homélie, expliqua la triple mission de l’évêque : enseigner, sanctifier et gouverner. Le même jour le Frère Antonin (Koos van der Staak) décéda à l’âge de 78 ans dont 40 ans de mission. Il vint au Kivu en 1935 et construisit de nombreux bâtiments à Goma, Katana et c’es à lui que nous devons la chapelle de Mugeri.

Le 5 novembre décès de la Sœur Perpétue Kahindo, membre du conseil et préposée à la formation des jeunes sœurs de la Compagnie de Marie Notre Dame. Elle est morte accidentellement. Sa voiture ayant fait une brisque embardée, culbuta dans les eaux du Lac-Kivu. Aucune des passagères ne put être sauvée.

Au mois de décembre, on signale la venue de Mgr Guzza, Supérieur Général des Pères Xavériens, qui, a l’invitation de Mgr Cleire, est venu reconnaître le pays et ses possibilités en vue d’une implantation éventuelle de mission xavérienne au Kivu. C’est à cette époque que les Pères Barnabites fondèrent la paroisse de Mbobero sous  l’impulsion du Père Lucaciano Landoni. Outre l’Eglise, ils construisirent un dispensaire, des salles paroissiales, un centre nutritionnel, un clocher ainsi que des écoles à Bwirembe et Kacuba, sans parler de l’aménagement des sources et de biens d’autres réalisations pour la population.

Pendant l’année 1975 parut la seconde édition du Nouveau Testament en mashi. La traduction systématique de la Bile en mashi avait été commencée en 1986. En 1962 parut la première édition du Nouveau Testament. Ce travail fut réalisé par un groupe de prêtres du clergé diocésain de Bukavu sous la direction de l’abbé Vincent Migabo. Après la parution de cette seconde édition, le Centre Diocésain de Pastorale, Catéchèse et Liturgie entama la traduction de l’Ancien Testament, en commençant par les  Psaumes, des extraits du Pentateuque et les Livres Sapintiaux. Un groupe de prêtres du diocèse ainsi qu’un certain nombre de laïcs s’attachèrent à ce travail. Parmi eux, citons surtout les Abbés Vincent Mulago, Césaire Chanyage, Jacques Bakorongotane, Aristide Kagaragu, Faustin-Matied Mushambarwa et Jovite Mushengezi.

Pour accéler le travail, le CDPL constitua une commission chargée de faire les corrections et la traduction des traductions et des notes explicatives. Etant donné la complexité du travail, d’autres membres du clergé et quelques laïcs s’enfermèrent à Mugeri, sur ordre de supervision du CDPL.      Le manuscrit complet fut envoyé le 13 juillet 1991 au Père A. Gessler représentant de Verbum Bible à Kinshasa. Six mois plus tard les premières épreuves arrivèrent et furent corrigées à Amani. La correction des deuxièmes épreuves eut lieu du 20 au 29 mai 1992. M. Jean   Migabo et l’Abbé Jean-Baptiste Ruhangamugabo partiront pour l’Espagne en septembre 1992 pour superviser l’impression. Un travaol qui fut salué avec grande satisfaction de la part de toute la communauté diocésaine.  Un objectif clé pour l’inculturation du message fut atteint.

Le 16 janvier 1975, le rendez-vous était fixé à Kinshasa car tous les évêques produiront un document important à la hauteur des événements du moment : « Notre foi en Jésus-Christ ».  A l’issue  de la rencontre, les Evêques feront une déclaration dont voici l’épine dorsale :

 « Affirmer la position de l’Eglise du Zaïre sur sa foi fondamentale et, également sur la nature de son caractère d’Eglise particulière dans la communication à l’Eglise catholique universelle,

Exposer comment l’Eglise du Zaïre voit de manière réaliste les condition de sa contribution à l(‘œuvre du développement national dans le contexte socio-politique nouveau de notre pays,

Envisager enfin les orientations et les moyens d’une pastorale nouvelle s’imposant dans une situation où l’Eglise serait de plus en plus dégagé de structures d’œuvres temporelles dont elle aurait la responsabilité en tant qu’instruction [9]».

Le 16 décembre 1975, la Sœur Annie Nanzigi, préfet du Lycée Katana donna une conférence au CIPCL sur le voyage qu’elle venait d’effectuer en Chine et le 22 décembre le Grand Séminaire accueilli son nouveau recteur en la personne de l’Abbé Sokoni.

Au niveau pastoral, la veille de Noël, Monseigneur l’Archevêque procéda à la bénédiction de la nouvelle Eglise de Mbobero, construite par les Pères Barnabites et le 29 décembre 1975, le Petit Séminaire de Mugeri fêta avec éclat son jubilé de 50 ans d’existence. La fête avait été soigneusement préparée par les anciens de Mugeri se trouvant à Bukavu, Goma, Uvira, Kasongo et Kinshasa. Nombreux sont ceux qui avaient répondu à l’appel.

Le 1er janvier 1976, le budget du personnel des paroisses fut porté à 1 Zaïre par jour et par personne . Durant cette période après une longue préparation s’ouvrit à Cahi un centre de santé ayant comme option primordiale l’éducation sanitaire et nutritionnelle. Entre-temps on apprit le décès du Père André van de Velde le 8 mars 1976 pendant son congé en Belgique.

Ancien  au Burundi, il se donna sans compter au développement intégral, spécialement chez le Batembo

Le 25 avril à Amani l’aînée des Sœurs de la Résurrection, Sœur Goretti Namosenge-Cirezi prononça ses vœux perpétuels. Trois jours après eut lieu à Mubumbano la bénédiction de 2 couvents des Sœurs de la Résurrection, d’une église et d’un dispensaire. Cette bénédiction fut suivie d’une grande messe concélébrée durant laquelle, après l’homélie de Monseigneur l’Archevêque, el Père Werenfried van Sraaten adressa quelques mots à l’assemble qui firent une ronde impression.

Pendant le mois d’avril, les Frères Maristes eurent la joie d’accueillir leur Supérieur Général, le Fère Basilic Ruede. Il anima une retraite à Amani à laquelle participa une quarantenaire de frères. Vu la pénurie du personnel sacerdotal, c’est le laïc Konda, qui dirigea pendant un certain temps le cycle d’orientation du Petit Séminaire de Cibimbi Katdwe. L’Abbé JACQUES Bakorongotane assurera la direction spirituelle.

 

En septembre 1976, les Disciples du Crucifié s’annoncèrent à Birava où elles s’occuperont de l’apostolat en collaboration avec les Pères Barnabites. Le 4 avril eut lieu la célébration du 10ème anniversaire de l’ordination épiscopale de Mgr Mulindwa. La messe fut préside par Bernsaconi, Supérieur Général des Barnabites et de Mgr Runiga ainsi que de nombreux prêtres.

C’est le 21 juin 1976 que le Père Elia, Leo, des Pères Xavériens avec deux laïcs engagés, Emma et Luissa, s’installèrent à Bunyakiri. Leur désir fut de « vivre en communauté avec les gens pour les évangéliser et les conscientiser ». la paroisse de « Yezu mshindaji » fut érigée canoniquement par le décret de Monseigneur Mulindwa en 1983. Le dimanche 25 août fut le un jour mémorable pour Katana. C’est ce jour-là que l’on fêta les 25 ans de vie religieuse des Sœurs Zita, Paola, Justine, Yona, Victoria et Rosalia, toutes Filles de Marie.

Le 12 décembre 1976 eu lieu le jubilé de 25 ans d’existence de la cathédrale de Bukavu. Rappelons-nous que ce fut le dimanche 4 juillet 1948, après la messe célébrée en plein air, que fut posée par Mgr Richard Cleire la première pierre de l’Eglise Notre-Dame de la Paix. Sa consécration solennelle eut lieu le 18 octobre 1952 toujours par Monseigneur Cleire.

Mgr Yungu, Président de la Conférence épiscopale du Zaïre envoya à tous les évêques un message au sujet de la reprise des écoles, après avoir fait de multiples démarches à cet effet.  « Je demande aux associations de reprendre sur leur responsabilité les écoles qu’elles avaient avant la décision du 30 décembre 1974. Il est nécessaire de devenir très attentif au problème pastoral que représente la tenue des écoles et qu’on le devienne plus que par le passé, car tel est le but de l’Eglise ».

La conférence épiscopale provinciale, lors de sa session extraordinaire du 20 au 25 septembre 1976 à Butembo opta pour l’engagement ainsi que dans la catéchèse. Elle décida en conséquence que, « dans l’animation de la pastorale liturgique, l’équipe sacerdotale considère comme sa tâche principale et perlière la formation et l’animation des ministères laïcs ».

Du 21 au 24 février 1977, eut lieu la réunion des responsables diocésains de la Pastorale, Catéchèse et Liturgie de la Province ecclésiastique du Kivu à Bukavu. Ils examinèrent les implications pastorales et les dispositions pratiques qui doivent découler de la reprise des écoles par l’Eglise.                        Ils insistèrent sur la raison fondamentale de la reprise des écoles qui fut le souci d’assurer une éducation et une formation chrétienne à la jeunesse.

Le 7 mai, ce fut  en pleine activité, à l’âge de 42 ans, que le Père Berthold Schipf mourut accidentellement en entrant de l’aéroport de Kavumu où il était allé saluer à son départ le Commissaire d’Etat à l’Education nationale. Il était arrivé à Bukavu en janvier 1965. Affecté immédiatement à l’Institut Social Africain (qui devait devenir ensuite I.S.E.S, et puis I.S.D.R.), il exerça tout son apostolat au Zaïre au service de cet Institut y remplissant successivement les fonctions de professeur, directeur et secrétaire académique.  

Lee 4 mai 1977 eut lieu l’ouverture du procès de béatification de la Servante de Dieu Marie Clémentine Anuarite Nengapeta. Quatre jours plus tard, pour retourner à la chronique dans le diocèse, après avoir célébré la messe paroissiale, le Père Luciano Landoni mourut inopinément des suites d’une crise cardiaque. Il avait un peu plus de 47 ans. Il fut le premier curé et le fondateur de la paroisse Saint Paul à Mbobero. Il prêta aussi des services au Collège Saint Paul, successivement comme vice-recteur, professeur, animateur et économe.

Au niveau des paroisses, le dimanche 11 décembre Walungu fêta les 25 ans d’existence de sa paroisse. Ce fut une journée de prières, d’action de grâce et aussi de rencontre fraternelle et communautaire. Le dimanche suivant fut célébrée le jubilé de 25 ans de sacerdotale de l’abbé Mulago Vincent. Tous s’associèrent lui pour remercier le Seigneur de ses années si bien remplie au service du Seigneur.

A la fin de l’année 1977, le diocèse de Bukavu comptait 700 communautés chrétiennes plus ou moins constitués, mais il en faudrait au moins 1500. Et chaque communauté devrait avoir au moins cinq personnes pour l’encadrer d’où un besoin de 7500 personnes de cadre.

Du 13 au 19 avril 1978 eut lieu la réunion de la conférence statutaire des Evêques du Kivu. Trois grands sujets y ont été traités. Les dossiers préparatoires de la pastorale du mariage et de la famille au Zaïre dans le cadre de la pastorale des Communautés Ecclésiastiques Vivantes. Cette étude fut élaborée en vue de l’Assemblée plénière de l’Episcopat du Zaïre qui eut lieu en 1979. Deuxième question : les solutions à trouver aux problèmes posés par l’augmentation considérable des entrées au Grand-Séminaire les deux dernières années. La Conférence adopta aussi un texte intitulé « Orientation de la Conférence Episcopale du Kivu sur la pastorale des milieux intellectuels ».

Le 12 novembre 1978 le diocèse de Kasongo célébra le jubilé de 25 ans de sacerdoce de Monseigneur Pirigisha Timothée et en même temps me 7ème anniversaire de la fondation de la mission de Kasongo.

La société des Missionnaires d’Afrique ouvrit un Séminaire de philosophie à Kilo-Mine pour les aspirants Pères Blancs du Zaïre, Rwanda et Burundi.

Le 8 décembre fut célébrée à l’Abbaye de Clarté-Dieu de Murhesa le jubilé de 50 ans de vie religieuse du Père Chanut et le 26 décembre 1978, Bukavu apprit le décès du Père Léon Detournay. Il laissa le souvenir d’un travailleur infatigable, plein d’optimisme et zélé. Le 25 décembre 1978, proclamation de l’année jubilaire pour le diocèse de Bukavu. Cette proclamation fut faite par Mgr Mulindwa dans la cathédrale de Bukavu.

Voyons au niveau des statistiques, l’évaluation diocésaine jusqu’en cette année 1978 :

450.114 baptisés catholiques sur une population globale estimée à 1.094.000 habitants

20 paroisses

Environ 1.500 communautés ecclésiales vivantes

119 prêtres dont 38 natifs du diocèse

67 religieux non-prêtres dont 43 Zaïrois

204 religieuses professes dont 145 Zaïroises

37 grands séminaristes dont 5 en Théologie et 32 en Philosophie

1700 ministres laïcs.

Tels furent les résultats statistiques de l’œuvre de l’évangélisation accomplie dans le diocèse depuis 50 ans.

 

De l’année jubilaire à la convocation du Synode

L’année 1979 marqua pour l’Archidiocèse de Bukavu une commémoration de deux événements. A titre de rappel, le 25ème anniversaire de l’ordination sacerdotale de Monseigneur Mulindwa et le cinquantenaire de l’Archidiocèse de Bukavu. Mgr Mukindwa fut ordonné prêtre le 24 avril 1954 tandis que c’est le 26 décembre 1929 que le Pape XI érigea le Vicariat Apostolique du Kivu. L’année 1979 fut proclamée dans l’Archidiocèse de Bukavu, année de communion fraternelle.

La célébration de cette année culmina dans la célébration de l’Education qui, le 6 mai 1979, réunit les représentants du presbytérium et de toute la communauté fut clôturée le 25 décembre 1979.

L’année 1979 fut chargée de plusieurs événements heureux et malheureux dans le diocèse. Le 2 janvier 1979, on apprit malheureusement le décès du Père Kesel. Il avait travaillé dans diverses paroisses comme curé, puis comme Vicaire. Il est l’auteur de la brochure « Histoire de l’Eglise au Kivu » auquel ont été faits de nombreux emprunts pour la rédaction de ce travail. Le 15 mars 1979, décès de la mère Aurelia, des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique, à l’âge de 91 ans. Elle fut la collaboratrice de Mgr Leys dans la fondation de la Congrégation de Filles de Marie qu’elle dirigea d’une main sûre durant de nombreuses années. Entre temps la « maison du Partage » fut rattachée à la paroisse de Kadutu par décision du Conseil Diocésain. Auparavant elle relevait du C.D.P.C.L.

Le 6 mai 1979 Bukavu apprit une bonne nouvelle : le Pape Jean-Paul II avait nommé Mgr Alphonse Runiga, évêque auxiliaire de Mgr Fataki, Archevêque de Kisangani du 25 au 29 novembre 1979, fut organisé le Symposium sur l’avenir de l’enfant dans le Kivu. Par ailleurs une équipe s’est constitué, sous la direction de Sœur Saëz, de la Compagnie de Marie, pour travailler pour les handicapés. Au début de son fonctionnement, il fut mis sur pied un centre où les handicapés pourront être soignés et apprendre éventuellement un métier. Il y eut l’ouverture d’un Centre d’apprentissage pour les constructions. 24 jeunes ont été acceptés et suivront la formation de 3 ans, sous la direction du Père André De Riddez.

 

Au niveau de la pastorale, les préparatifs furent en cours pour une fondation des Pères Prémontrés à Kavumu mais ce projet n’aboutit jamais.

Le 24 avril 1980 fut annoncé le décès du Père J. Leen, à l’âge de 67 ans. L fonda la paroisse de Bagira.il fut ensuite chargé des mouvements d’Action Catholique dans le diocèse. Puis il devint le supérieur régional de tous les Pères Blancs du Sud-sr du Zaïre.

Avec une douloureuse surprise, la communauté diocésaine apprit le décès de la Sœur Paola Bahizi des Filles de Marie survenu le 21 juin 1980. D’une vie spirituelle profonde et convaincre, elle frappait par sa grande délicatesse et son grand équilibre. Née en 1930 à Rutshuru, la plus grande partie de sa vie religieuse et de ses activités eurent pour terrain Bukavu.

C’est le 29 juin 1980 qu’eut lieu la célébration du dixième anniversaire de la paroisse de Birava. Fondée en 1978 par le Père Lino Castagna, cette paroisse se développa depuis ses débuts en se dotant des structures pastorales valable : dispensaire, Institut Nyamokola, Central social, Centre agroalimentaire, adductions d’eau jusqu’à Lugendo et Ishungu, lignes électriques Mushweshwe-Birava et autres réalisations de moindre importance mais toujours en faveur de la population locale. Deux lettres pastorales furent publiées sur « Votre participation dans la préparation, le choix et la sélection des candidats au sacerdoce ou à la vie consacrée ».

Les Congrégations-Bâtisseurs, fondation du Père Werenfried van Straaten, s’installèrent à Bukavu. Parmi les travaux à effectuer, on note l’achèvement de la maison de Bunyakiri qui devait servir de postulat aux Sœurs de la Résurrection et l’étude du relevé de la route Bukavu-Kasongo que l’on voudrait rendre praticable à condition qu’on trouve des subsides nécessaires.

Le Comité Anti-Bwaki fêta le 9 mai 1980 son quinzième anniversaire. On souligna les belles réalisations de ces quinze années, amis il fallait aussi noter l’ampleur de la tâche à accomplir. L’Unicef décerna le prix Pate AU Comité Anti-Bwaki en reconnaissance des services rendus pour la protection de l’enfance.

L’Archevêque publia une lettre pastorale sur les Communautés ecclésiales Vivantes : « Les Communautés chrétiennes vivantes. Après 50 ans d’évangélisation. Conclusions des contacts entre le Pasteur et son peuple[10]

Le 17 Août 1980 est décédé le père Chanut, aumônier de l’Abbaye Notre-Dame de la Clarté Dieu à Murhesa. Il fut Abbé de Cîteaux durant 17 ans. Le 15 août avait été le 54ème  anniversaire de sa prise d’habit à Cîteaux. Sa dernière prière sur la route fut : « Ningekuwa na mabawa ningemufulta Maria ». Le 15 août 1980, la Fraternité séculière Charles de Facauld célébra à Mbagira, le 25ème anniversaire de sa fondation dans le diocèse.

 

A Bukavu, du 28 septembre au 5 octobre, eut lieu un séminaire international sur « L’artisanat come moyen privilégié du développement ».Mgr Alphonse Runiga, ancien évêque auxiliaire de Kisangani fut officiellement installé le 30 novembre 1980 comme Evêque de Mahagi. Le 2 décembre 1980, décès du Père A. Rommelaere. J. Peeters et D. Cooreman, une traduction complète de la Bible en Kiswahili. Entre temps le Père Christophe Munzihirwa fut nommé Provincial de la Compagnie de Jésus.  

Par décret du 16 janvier 1981, les Filles de la Résurrection furent incorporées aux Chanoinesses régulières du Saint Sépulvcre, ad experimentum pour une durée de trois ans. La Mères Hadewyck, Prieure des D+Filles de la Résurrection fut autorisée à recevoir les vœux jusqu’aux prochaines élections.

Le 17 février 1981 fut annoncé le décès du Père Albert Maes qui fonda en 1962 l’Institut Social Africain. Bientôt surmené par se trop nombreux travaux, il dut céder la direction de l’institut au Père B. Schlipf et sous son mandat l’Institut fut intégré à l’Université Nationale du Zaïre. Entres temps, le 6 mars eut lieu la bénédiction de la nouvelle église de Kaziba.

Les chrétiens étaient à recevoir presque toujours une lettre pastorale au début de chaque période de carême. Le rendez-vous ne fut pas manqué et le prélat se proposait de « lancer un appel pour un christianisme vécu et authentique [11]». Il commença par expliquer la pertinence du thème choisie en soulignant la découverte de Jésus-Christ comme la nouveauté du christianisme. Après une analyse sans complaisance de la situation socio-politique du pays en général  et de son diocèse en particulier, il dressa un bilan assez négatif du moment favorisé par le manque de la cohérence aux engagements librement consentis par les chrétiens et les invita à un sérieux, religieuses, familles, éducateurs, jeunes, en bref tous les fidèles. En substance le préfet affirmait :

 « Tous sont inquiets de la situation et parlent mais bien peu sont à corriger leur façon d’être et d’agir. Chacun attend que son voisin commence à bouger et l’on s’accuse mutuellement d’inertie, amis personne ne se croit à proprement parler vraiment responsable ». Et une page plus loin il conclut : « Il ne suffit donc pas, pour être chrétien des prendre conscience de la situation dans laquelle nous vivons, il ne suffit pas que nous en connaissons les causes, il ne suffit pas que nous en fassions une analyse et urgent, de redevenir dignes de ce nom comme les premiers chrétiens dont on disait : Voyez comme ils s’aiment »[12].

Le 27 avril, décès du Père Remy Faucher, longtemps professeurs au Grand Séminaire de Murhesa. Il était né à Saite Marie de Beauce (Québec). Le même mois, décès du Frère Henri (Albert van Laere), des Frères Maristes, ancien directeur des Ecoles Normales de Nyangeszi et de Bobanda et auteur du recueil de chants : « Tuimbe Zaburi »

Le 28 juin 1981 fut publié une importante déclaration du Comité Permanent des Evêques du Zaïre : « Notre foi en l’homme, image de Dieu ». Le 25 juillet au cours d’une Eucharistie solennelle, les Sœurs de la Sainte Famille fêtent les 50 ans de vie religieuse de Sœur Emilienne et le 50ème anniversaire de leur arrivée à Kabare.

Le 23 août, la paroisse de Cibimbi célébra son 75ème anniversaire ; on fêta en même temps le75ème anniversaire d’âge de Monseigneur Agwala et les 40 ans de vie sacerdotale de Monseigneur Kamira. En septembre 1981, les Missionnaires d’Afrique ouvrirent un Séminaire de philosophie à la Ruzizi pour les candidats Pères Blancs du Zaïre, Rwanda et Burundi. Depuis trois ans, ce séminaire fonctionnait dans le diocèse de Bunia.

Entre-temps les pères Prémontrés renoncèrent pour diverses raisons à leur fondation par décision s’établir dans l’Archidiocèse. Elles commencèrent à Idjwi et puis partirent au diocèse des Goma.

Le 7 novembre, Nguba qui était encore une chapellenie devint paroisse autonome par décision de l’Archevêque. Le Père E. van de n Straetn fut nommé curé et le Père E. van den Broeck, à qui la chapelle de Nguba doit tout son développement, continuera son ministère vicaire. Le 4 janvier, 1982, le Père De Vloo, gravement malade fut évacué par avion à Bruxelles via Kigali.

Le 27 mars fut annoncé le décès du Père Paul van Keep. Il fut un véritable homme de Dieu. Ses 60 ans de présences presque ininterrompues reliaient, à travers sa personne, Monseigneur Roelens et les pionneirs du Vicariat du Huat-Congo aux diocèses actuels du Shaba et du Kivu.

Il se pourrait que la paroisse de Kalehe aurait pu exister depuis 1910, mais les Pères Blancs en mésentente avec le mwami furent obligés de quitter le lieu à cette date. Ce n’est que le 25 avril 1982, que Kalehe devint une quasi-paroisse, le jour de la bénédiction de l4Eglise.  A cette date, l’équipe apostolique comprenait les abbés Simonet et Piron et les Frères Césaire et Urbain. En 1986, les Sœurs Angéliques vinrent s’installer à Kalehe-Ihusi et les Sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde à Irambo.

Pour son engagement dans le social, le conseil presbytéral du 3 ami 1982 demanda d’inventorier les cas d’injustice et d’abus constatés le plus fréquemment dans tous les milieux. L’Abbé Francesco Terragni, de nationalité Italienne, après quelques années d’études à Murhesa, fut ordonné prêtre le 4 juillet 1982 à Burhale.

Quant à lui, le troisième séminaire national organisé sur le thème « Eglise et développement », formula entre autres choses le vœu de créer un fond diocésain pour le développement, alimenté par les ressources locales provenant d’une collecte annuelle, organisé par les évêques, chacun dans son diocèse. A Bukavu, la collecte de cz fonds fut prévue chaque année au jour de Noël.

 

Le 12 août 1982, une équipe apostolique des Pères Xavériens prit en charge la paroisse de Cahi. Le Père Giovanni Pes en fut le curé et les Pères Sartorio et Rotini furent ses vicaires. Les religieuses de la congrégation des Filles de Marie Reine des Apôtres ont célébré le 16 août 1982 leur jubilé d’or (1932-1982) dans la joie et l’action de grâce.

Le 30 octobre 1982, la paroisse de Nguba fêta le jubilée de 60 ans de vie religieuse de père Ernest van den Brocken qui fut le fondateur et l’animateur de la paroisse de Nguba. Le Centre de Catéchèse, Pastorale et matériel de l’homme et à sa libération de toute aliénation. Dans le secteur des écoles, le Frère Mweze Bagalwa des Frères Serviteurs et la Sœur Marguerite Murangwa Ndiwanali des Filles de Marie furent nommés çà la coordination des écoles catholiques. 

Le « renouveau » commença à s’impliquer à Bukavu sous la direction du Frère Herman Van der Hulst. Les réunions du renouveau avaient lieu hebdomadairement dans différents endroits à des heures fixes et elles furent bien suivies. Au niveau du diocèse les directives pour les groupes charismatiques, nous invitons cependant tous ceux qui y participent à la prudence et au discernement. Tout mouvement au niveau diocésain et paroissial, et donc se constituer et fonctionner de manière à contribuer à la vitalité et à la croissance des communautés ecclésiales de base. Pour assurer un discernement valable les groupes de prière charismatiques seront animés par un prêtre, écarteront tout syncrétisme, viseront à un rayonnement de charité  et de vie de foi au sein de la communauté ».

Le 12 avril 1983, Monseigneur l’Archevêque partit à Rome pour la visite « ad lilmina ». Le 21 avril 1983, le Saint Père reçut individuellement dans la matinée les évêques de la conférence provinciale du Kivu ainsi que tout le groupe des évêques de Bukavu et des Kisangani. A l’issue de l’audience, les évêques offrirent une sculpture au souverain Pontifie. A son tour, le temps offrit aux évêques et les invita à partager sa table. Le samedi 23 avril 1983 la conférence épiscopale provinciale du Kivu fut reçue en audience à la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples.

Le décès du père Guy Mosmans fut annoncé le 25 avril 1983. Il fut le fondateur du Collège Afjiri, supérieur provincial des Missionnaires d’Afrique de Belgique et secrétaire général de l’épiscopat du Zaïre. Le gouvernement du Zaïre, jugeant son influence pernicieuse, lui ordonna de quitter le pays en 1973. Deux autres décès suivirent, celui du Père J. Peters qui fut avec le Père Rommelaer le principal traducteur de la Bible en Kiswahili et celui du Père J. Van de Pitte. Il fut dans toutes les paroisses du diocèse qui existaient en ce temps-là. Il était polyvalent : électricien, mécanicien, mathématicien, géomètre, etc.

L’annonce par le Saint Père de jubilé de la rédemption pour l’année 1983 fut un événement capital. A cette occasion Mgr l’Archevêque publia une lettre pastorale. Il y a un rapport étroit entre le jubilé et la pénitence, disait le pape. « Sans doute le jubilé contribuera à ce que tous perçoivent plus profondément ce thème de la réconciliation et de la pénitence ».

En février 1983, le père Franco Bordignon fut officiellement mandaté pour coordonner tous les secteurs sociaux de développement du diocèse, pour en contrôler les fonds et pour faire toutes les propositions utiles pour leur meilleure utilisation. Il lui appartenait désormais de présenter à la signature de l’évêque tout dossier élaboré dans le cadre des projets à soumettre aux organismes mais déjà approuvés par le comité directeur des O.S.D.

Désormais il n’y aura plus de différence entre les postes situés à Bukavu et ceux de l’intérieur. Tout le monde recevra la même allocation comme supplément au budget. Concrètement pour cette année, l’allocation passe de 10 et 47 Zaïres (pour l’intérieur et le centre de Bukavu) à 25 Zaïres pour tous sans distinction. Cette décision prend effet à partir du premier janvier 1983. Il a été décidé que le diocèse pourra encore aider à l’acquisition de nouveaux véhicules dans certains cas, à condition que les bénéficiaires disposent d’u tiers du coût de véhicule à acheter.

En août 1983, l’Abbé Déogratias Ruhamanyi qui était à la tête du Grand Séminaire de philosophie Saint Mbaga Tuzinde est nommé Vicaire Général tandis que l’Abbé Richard Mugaruka est nommé Vicaire épiscopal et économe général.            Le 2 novembre une messe pontificale très solennellement a été célébrée en la cathédrale de Bukavu à la mémoire de Mgr Van Sten dont on venait d’apprendre la mort.

L’Abbé Dieudonné Matandiko fut cédé pour une durée de trois ans au diocèse de Mahagi-Nioka pour diriger le centre de pastorale, catéchèse et liturgie de ce diocèse. L’Abbé Jacques Bakorongotane qui avait été désigné pour faire un intérim de six mois dans le diocèse de Kindu rentra à Bukavu au grand regret de tous les chrétiens de Samba. Le Père Carlo Uccelli fut nommé curé de la paroisse « Yezu Mshindaji » à Bunyakiri, paroisse dans laquelle il se dévoua corps et âme.

Le 4 janvier 1984 eut lieu une rencontre fraternelle des religieuses de Bukavu. Sœur Annie Nanzigi, présidente nationale de l’ASUMA invita les participants à entrer dans l’esprit de l’année sainte et de s’engager avec Jésus pour la rédemption des hommes.

Au niveau de l’animation des mouvements religieux, à la suite départ pour Kinshasa du Frère Herman avec de Hulst qui animait le renouveau charismatique à  Bukavu, un comité du renouveau fut crée pour continuer cette animation : M. Lwabene, Sœur Sadaba, les Pères Frisia, Delville et Hugeux. Le 27 janvier 1984, décès du Père A. Diacre. Il fut longtemps professeur à Nyakibanda, Hervelé et recteur au Grand Séminaire de Murhesa, puis directeur du CIPCL et secrétaire de l’Archidiocèse. Durant cette année sainte, le nombre des Légionnaires de Marie s’accrut continuellement et il y eut de plus en plus de « presida » des jeunes.

C’est le samedi 4 août que Mgr l’Archevêque installe le Père Bozo Curcija comme curé de la Paroisse de Nyantende et le Père Ilija Barisci comme vicaire. Tous deux étaient des Franciscains de nationalité croate.  L’Abbé Christophe Runyoro précédemment chargé de cette paroisse assista à cette cérémonie.   

Le prieuré de Bukavu fut érigé définitivement le 7 août 1984 comme prieuré autonome africain faisant partie de l’association de tous les prieurés du Sait Sépulcre. Sous l’énergique impulsion du Père Claude Maillard, curé de la paroisse de Kashofu, l’hôpital de Monvu-Idjwi fut rouvert après six années d’abandon. Deux bâtiments furent entièrement restaurés : le bloc opératoire et la maternité. Le 15 septembre 1987, l’Abbé Mugaruka prit effectivement en main l’économat général. Les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique accueillirent une entrée d’une cinquantenaire des jeunes dont deux de notre diocèse.

Les Sœurs de la Compagnie de Marie ouvrirent leur noviciat avec 7 candidats et les Filles de Marie leur nouvelle communauté à Uvira. La société des sœurs Xavériens Missionnaires installa une maison de formation à Nguba.

Chez les pères Xavériens fut célébrée la première profession religieuse de trois frères zaïrois et l’entrée au noviciat de six nouveaux candidats.

Les frères Maristes déplorèrent la perte du Frère Bruno vandingenen, ancien professeur de l’ITFM, décédé accidentellement à Kinshasa.

 Chez les Clercs Réguliers de Saint Paul (Barnabites), il y avait déjà quatre profès africains : 2 Zaïrois et 2 Rwandais. Et au niveau national, la Conférence Episcopale nomma aumônier militaire en chef, pour une durée fructueuse de trois ans monsieur l’Abbé Sylvestre Ngami Mudahwa.

C’est au courant de cette année que la conférence épiscopale du Kivu le 28 août 1984 fit un vibrant appel de caractère normal pour le respect de la vie en conformité avec l’enseignement du magistère[13]. Le début de l’introduction, à la lumières des documents du Concile Vatican II, donnait le ton  à tout le moment : « Fidèle à sa mission d’être la lumière du monde, d’annoncer et de promouvoir la vie humaine, l’Eglise existe pour la plus grande gloire de Dieu et le salut du monde »[14].

Le 5 février 1985 parut la lettre pastorale de Mgr Mulindwa intitulée « Priorités pastorales de l’Eglise de Bukavu à l’attention de tous les agents de l’évangélisation en profondeur et l’inculturation, la promotion de la hiérarchie locale, le développement humain intégral et l’autofinancement, la pastorale des communautés ecclésiales  vivantes. Plus tard, du 24 mars au 4 avril 1985 eut lieu la réunion des évêques du Kivu à Buhimba Goma. Parmi les dossiers examinés, soulignons la question de l’implantation des Grands Séminaires au Kivu.

Au niveau scolaire les sœurs de la compagnie de Maries prirent depuis 1985 la direction du Lycée Nyalukemba (Cirezi). Le préfet fut la Sœur Anastasie Paipo Wima. La Congrégation des Sœurs Missionnaires de Sainte Gemma vint s’installer à Mbagira dans l’ancien noviciat de la Sainte Famille. Les résultats des examens d’état, édition 1984 des écoles conventionnés catholique atteignirent 73% des participants dans l’ensemble de l’Archidiocèse.

Aux œuvres sociales, le Père Franco Baordignon fut remplacé par Babunga qui assumera la direction diocésaine des O.S.D. Le centre pour handicapés « Heri kwetu » enregistra 510 nouveaux patients. Les anciens patients de 1983 ayant continué à recevoir des soins en 1984 étaient 220.

Dans le domaine social le centre « Olame » inaugura sa biscuiterie. De leur côté, les jeunes stagiaires en coupe couture terminèrent leur formation de deux ans. Les pères Jésuites, en plus du travail énorme qu’ils assumaient au collège Alfajiri s’occupaient également de l’apostolat dans le diocèse. Ils assuraient des messes dans différentes communautés religieuses, lycée Wima  et chez les intellectuels, de même que des cours de religion à l’institut Alfajiri, au Lycée Wima, à l’internat d’Ibanda et à l’école belge. Ils tenaient à cœur aussi l’animation de différentes écoles pendant les vacances et aux élèves de différentes écoles pendant l’année scolaire. Le Père Louis Gallez fut anima leurs réunions, spécialement dans les paroisses de Cimpunda, Nguba, Bagira, Kadutu, Burhiba et Cahi. Au centre VIPAM, la culture du palmier se poursuit dans de bonnes conditions. La demande de palmiers sélectionnés dépassa la production du centre. Chez les Pères Xavériens, le Père Gabriel Basuzwa Lusiunva fut ordonné prêtre à Uvira le 22/09/1985.

Il fut prêtre zaïrois Xavérien. Il débuta son ministère sacerdotal au scolasticat des pères Xavériens à Ndendre dans la Paroisse d’Ibanda. Il collabora avec le Père Sartorio, responsable du Scolasticat pour le Zaïrois et les autres pays limitrophes.

L’action sociale Cherche encadrait 160 jeunes désœuvrés. Elle mit à leur disposition trois centres de formation professionnelle : menuiserie, bâtiment et coupe couture.

Au chapitre des nouvelles communautés religieuses, les Sœurs de Sainte Dorothée de Cemmo s’installèrent dans la Paroisse Notre-Dame de la Divine Miséricorde à Cimpunda. Avant leur arrivée, les Sœurs Blanches travaillaient dans cette paroisse. Les Sœurs de Sainte Dorothée (de Brescia) prirent la relève des Sœurs Angéliques de Saint Paul dans la Paroisse Saint Paul Apôtre à Mbobreo. La Paroisses Vierge Puissante à Ihusi (Kalehe) accueillera quant à elle les Sœurs Angéliques de Saint Paul. Leur couvent était en construction. Dans la paroisse Saint Pierre Claver de Nguba, les Sœurs de Sainte Gemma ne restèrent qu’un an à Bagira car elles s’en allèrent habiter dans la Paroisse Saint Pierre Claver de Nguba. En attend que les constructions soient achevées à Irambo, les Filles de Notre-Dame de la Miséricorde s’installèrent provisoirement à Bagira.

Les Frères Serviteurs eux aussi firent une fondation à Maka, colline située à environ 5 km de la Paroisse Saintes Bernadette de Walungu. Maka deviendra une station. Ils s’installèrent également une communauté à Ihusi pour collaborer avec le clergé paroissial de cette localité. La congrégation des Filles de marie prit la relève des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique au Lycée Mwangaza (Burhale).

Pour mettre en pratique la convention conclue entre les Pères Franciscaines de la province de Split et l’Archidiocèse de Bukavu la nouvelle vice-province Saint Benoît l’Africain, créée pour le Zaïre décida la fondation d’une maison de formation à la paroisse de Nyantende. Le Prieuré de la Résurrection fonda un couvent et un postulat à Lwana dans la Paroisse Yezu Mshindaji à Bunyakiri et un autre couvent à Rambo dans la paroisse Saint Pie à Murhesa.

Pour affermir la communauté diocésaine en matière de l’évangélisation, Mgr Mulindwa publia la lettre pastorale intitulée « Pour une évangélisation intégrale » cette lettre comprenait essentiellement trois grandes parties : Evangélisation intégrale, inculturation et développement-la situation socio-économique de l’Archidiocèse de Bukavu-exhortation et action pastorale.

La Congrégation des Filles de la Résurrection changea de nom en s’affiliant aux Chanoinesses régulières de Saint Augustin et prit le nom de « Prieuré des Filles de la Résurrection-Bukavu ». les Filles de la Résurrection font désormais partie d’un prieuré autonome dans la grande famille des Chanoinesses régulières de Saint Augustin. La maison-mère ou prieuré fut située et inaugurée à Mirhi (Murhesa) au cours de l’année 1986.

Le 15 décembre 1985, décès accidentel du Pères Pacifico Fellini, renversé par un camion qui roulait tous les phares éteints. Aussitôt que la nouvelle de sa mort fut connue, la foule se précipita à la paroisse de Kadutu où il fut Vicaire, pour aller prendre part à la veillé funèbre. Ses funérailles furent un triomphe. La foule était tellement nombreuse que l’ont dut célébrer la messe dans la cour de l’école des filles. Le Père Pacifico était rempli de simplicité et de bonté, annonçant l’espérance aux pauvres, aux handicapés et aux prisonniers. Il était également soucieux de la formation chrétienne des enfants et des jeunes.il était lui-même un modèle et un exemple du bon serviteur du Christ

Après « les priorités pastorales » de l’année précédente, le prélat de Bukavu le 1er novembre 1985 adressa un nouveau message[15] guidé par un souci pastoral vers « une évangélisation en profondeur, promouvant l’édification d’une Eglise adulte et responsable, qui trouve en son sein les ressources humaines, théologiques et matérielles ». la méthode préconisée pour réaliser ces objectifs fut évidemment les Communautés Ecclésiales Vivantes. 

Dans ce document, le prélat examina attentivement les problèmes socio-économiques : la malnutrition, la paupérisation collective progressive, l’habit, les maladies et les épidémies, le vol et l’insécurité. Il fustigea ensuite les cause des maux en pointant du doigt les déficiences du système politico-administratif, l’ignorance et le choc de la modernité, la forte croissance démographique, l’érosion, la mauvaise répartition des terres, l’enclavement de la région du Kivu il conclut son analyse par une exhortation pastorale qui déboucha sur un programme social avec trois objectifs :la conscientisation et la formation des masses populaires, la santé et l’hygiène, l’agriculture et l’élevage

Le prélat précisa que son adresse avait pour objectif de présenter les directives pour indiquer dans quel sens et comment, pour le bien de l’Eglise, il faut procéder à la mise en application des priorités pastorales. Point n’est besoin de souligner à la suite du prélat qu’il existait un lien profond entre Evangélisation intégrale, inculturation et développement.

En substance le développement intégral fut préconisé comme action pastoral et il acheva ainsi son adresse en ces termes : « L’inculturation ou l’évangélisation en profondeur pour laquelle l’Episcopat du Zaïre a opté consiste à rendre le Christ Sauveur présent dans nos cœurs et dans notre vie quotidienne. C’est ici maintenant que le Christ nous sauve. Que ce salut ne reste pas vain mot »[16].

A la fin de décembre 1985, la diocèse de Bukavu avait 40 prêtres locaux, 110 prêtres missionnaires, environs 70 religieux frères et 335 religieuses. Ce fut au cours de leur session extraordinaire du 8 au 10 avril 1986 que les évêques du Kivu décidèrent la création d’une année de propédeutique pour les candidats au rand Séminaire qui n’ont pas terminé le cycle des humanités au Petit Séminaire ou dans un autre pedagogium semblable.

L’annonce de la nouvelle fondation énuméra aussi les conditions d’admission des candidats, le programme des activités de formation spirituelle, humaine, chrétienne, le règlement et la composition de l’équipe des formateurs.

Le 29 novembre 1987 fut fondée la nouvelle Paroisse de Mubumbano. Détachée de la Paroisse de Burhale, elle fut placée sous le patronage de la Bienheureuse Marie Clémentine Anuarité. Burhale avait déjà donné naissance à trois autres paroisses : Walungu, Ciherano et Cibanda-Mulagi (Luhwinja).

Le 28 janvier 1988 paraissait pour la première fois la périodique Cubaka.

Ses fondateurs furent les Abbés Aloïs Karhalya, Aristide Kagaragu et Joseph Gwamuhanya. Il fut publié en mashi, langue de communication sociale, pastorale et liturgique dans le diocèse de Bukavu. Ce journal fut au service de peuple et avait comme objectif de lutter contre l’analphabétisme, frein au développement.

 

Le 1er mars 1990 pour la première fois la commission diocésaine Justice et Paix et fit sentir. Les objectifs de cette commission étaient ceux précisés par le Pape Jean-Paul II lors de sa première visite pastorale au Zaïre. En formant les consciences à la loi de Dieu, en l’éduquant aux responsabilités et à la communication dans l’Eglise, vous contribuerez à former des citoyens honnêtes et courageux dont le pays a besoin, ennemis de la corruption, du mensonge et de l’injustice, artisan de la concorde et de l’amour fraternel sans frontière, soucieux d’un développement harmonieux et spécialement des catégories les plus pauvres. Le 15 avril 1990 Mgr l’Archevêque publia la lettre pastorale « Vous serez mes témoins » annonçant le Synode diocésain[17].

 

De la convocation du Synode à la fin de son ministère

 

Le Synode avait pour but de commémorer les grandes étapes de la croissance de l’Eglise de Bukavu. L’Archevêque fut solennel dans son annonce en ces termes :

« A 60 ans de sa fondation, il est bénéfique pour notre Eglise diocésaine de marquer un moment d’arrêt. En effet, ces années passées ont connu des événements heureux et douloureux, des changements et de profondes mutations au sein de l’Eglise et de la société. Nous devons d’en faire une sérieuse évaluation. Celle-ci est d’autant plus pertinente et urgente qu’un événement capital a eu lieu dans l’Eglise : le Concile Vatican II. Ses 16 documents nous présentent une nouvelle manière de témoigner de notre foi, nous n’en épuiserons jamais la richesse.

Dans même le Synode extraordinaire de l’Eglise tenu à Rome en 1985 sur le thème. Le Concile de Vatican II, après nous interpelle d’une manière particulière. Aux approches de l’an 2000, l’Archidiocèse de Bukavu sent le besoin de faire son évaluation et attend de tous ceux qui y œuvrent une contribution à préparer ce moment en même temps exaltant et inquiétant quant on se représente dans la conjoncture sociale et religieuse de ce temps.

C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’un Synode diocésain est un événement vivement attendu dans notre communauté diocésaine. Aussi, voulons-nous, en convoquant ce Synode, accomplir notre mission de pasteur : susciter, stimuler, encourager et orienter les nobles initiatives et les charismes divers pour le bilan de l’Eglise de Dieu qui est à Bukavu »[18].

Pour le prélat, le Synode fut un moment favorable pour chater les merveilles que Dieu a faites pour l’Archidiocèse et il les cite :

 Ans de l’existence de notre circonscription ecclésiastique de Bukavu érigé en Vicariat Apostolique en 1929 et en Diocèse en 1959, 50 ans d’ordination sacerdotale de Monseigneur Cyrille Kamira, premier prêtre du diocèse (19/08/1991, 25 ans d’ordination épiscopale de votre serviteur le 20 mars 1991 (20/03/1996-20/03/1991)[19].

Avant l’ouverture de la première session synode plusieurs événements marquèrent la communauté diocésaine dont voici les plus significatifs.            Le 30 juin 1990 les Pères Gino Foschi, Ezio Meloni et Antonio Ba lardedelli quittèrent Walungu pour commencer la paroisse de Kaniola. Celle-ci venait d’être érigée par Mgr Mulindwa sous le vocable « Reine de Tous les Saints » . La même année, s’installèrent à Kaniola les Sœurs Dorothée pour y diriger un centre pour l’animation des jeunes et un centre de santé.

Kaniola qui fut longtemps chapelle-école de Walungu possédait déjà à l’arrivée des pères résidents une église construite par le Père Salvatore Guerrieri et un cycle d’orientation.

En novembre 1990 eut lieu l’ouverture de l’Université Catholique de Bukavu (U.C.B) avec comme Recteur M. l’Abbé Vincent Mulago et Vice-recteur M. l’Abbé Déogratias Ruhamanyi.

Revenons au synode. La première session[20] se déroula du 8-14 avril 1991. A la fin de celle-ci fut célébré le 14 avril 1991 à la Cathédrale de Bukavu le jubilé d’argent de l’ordination épiscopale de Mgr Mulindwa, Archevêque de Bukavu.

 

La troisième session[21] synode se déroula du 12-17 août 1991. En marge de cette troisième session fut célébré le 11 août à Mwanda le jubilé d’or de l’ordination sacerdotale du prélat Mgr Cyrille Kamira tandis que Mgr l’Archevêque procédait à l’ordination de 13 nouveaux prêtres[22].

La quatrième session du synode déroula du 18-23 novembre. Cette session fut consacrée à l’élaboration en carrefour de neuf sous-thèmes dégagés des assises des trois premières sessions et à leur adoption en séances plénières.

Chacun des sous-thèmes constitua un chapitre des « Options et directives » du synode telles que promulguées par Monseigneur l’Archevêque à Pâques 1992 :

Notre Eglise s’organise en tant que peuple de Dieu.

Notre Eglise s’organise en moyens structurels

Notre Eglise s’organise en moyens matériels

Notre Eglise prie et célèbre sa foi.

Notre Eglise enseigne

Notre Eglise témoigne de sa foi

Notre Eglise sanctifie la famille

Notre Eglise éduque les jeunes

Notre Eglise accompagne les marginaux.

Le 24 novembre 1991 à l’occasion de la solennité du christ-Roi de l’univers fut organisée en la Cathédrale Notre-Dame de la Paix une émouvante célébration en l’honneur des couples, des religieux (ses) et des prêtres ayant accompli 50 ans de fidélité et de témoignage chrétien. Au cours de cette messe pontificale célébrée par Mgr l’Archevêque et des nombreux prêtres les jubilaires reçurent des mains de l’Archevêque leurs diplômes de fidélité. Après l’Eucharistie les jubilaires et les invités furent conviés à des agapes fraternelles dans la salle Concordia.

 

Le 08 décembre 1991 annoncé le décès du prélat Marie-Jean Agwala à Mugeri. Il était né en 1908 à Wamba dans le Haut-Zaïre. C’est là qu’il fréquenta l’école primaire et le Petit Séminaire avant d’être admis au Grand Séminaire de Baudouinville. Il fut ordonné prêtre le 15 octobre 1938. A Kisangani. Il eut beaucoup à souffrir de la rébellion « muleliste ».

Il y perdit des membres de sa famille ainsi que son évêque Mgr Wittebobs qui fut tué sous ses yeux. Mgr Agwala était remarquable par la dévotion qu’il avait pour la Sainte-Vierge. Il supporta ses nombreuses maladies pour dit-il expier ses péchés et ceux des autres.

Le 12 février 1992 fut annoncé le décès de l’Abbé Faustin Mushambarhwa. Il était né à Walungu en juillet 1917. Après le Petit Séminaire à Mugeri, il poursuivit ses études au Grand Séminaire de Nyakabinda et fut ordonné prêtre à Jomba, le 11 août 1951 par Mgr Cleire. Pendant 7 il fit partie de la Congrégation religieuse des Monfatians, mais déçu par les méthodes d’évangélisation de celle-ci, il réintégra le clergé de Bukavu. Il fut un homme admirable pour son travail et son zèle. Il fonda l’association des veuves « Bakana nkana ».

L’Assemblée des supérieurs majeurs se réunit du 8 au 10 mars au centre « Maria mama » de Goma. A l’issue de celle-ci un message fut publié et proposa que chaque famille religieuse œuvrant au Kivu constitue une commission interne de justice et paix. Pour favoriser l’information l’ASUMA-Kivu souhaite la création d’un journal et la mise en service d’une station radio locale.

Le 6 mars 1992 eut lieu une célébration solennelle à Bagira du jubilié de 25 ans d’ordination épiscopale de Mgr Timothée Pirigisha, Evêque émérite de Kasongo. Une messe solennelle fut concélébrée dans la soirée avec la participation de Mgr Mulindwa, Archevêque de Bukavu, de Mgr Munzihirwa, Evêque de Kasongo  et de nombreux prêtres.

Le 23 mars 1992 fut annoncé le décès du p7RE w Heylen. Il fut longtemps professeur à Mugeri, au CELA et travailla aussi très longtemps dans le diocèse de Goma. La connaissance qu’il avait du Kiswahili et du Kinyarwnda était remarquable. Il traduisit de nombreuses brochures et travailla aussi à la traduction de la Bible en Kiswahili.

A Idjwi le 17 avril 1992, Monsieur Zaza directeur de l’école fut victime d’une arrestation illégale. Celle-ci aussitôt connue, deux membre de la commission « Justice et Paix » accompagnés de l’Abbé François d’Assise Basinyize allèrent demander à M. Mukanire Ngabo, Commissaire de zone, les raisons de cette arrestation illégale. Ils exigèrent l’élargissement de Monsieur Zaza sous peine de se constituer eux-mêmes prisonniers. Par ordre du commissaire ils furent mis en prison et battus sauvagement. La nouvelle étant répandue immédiatement dans le voisinage, les jeunes, le Père Curé Alphonse Bosmans et une délégation de l’Union Sacrée forcèrent ledit commissaire de Zone à les relâcher.

 

La célébration solennelle de la clôture du synode eut lieu le 19 avril 1992. Une messe solennelle fut célébrée sur l’esplanade de la Cathédrale.

L’Archevêque concélébra la messe à cette occasion Mgr Pirigisha et plus d’une cinquantaine de prêtres en présence de Monsieur le Gouverneur de la Région du Sud-Kivu, de nombreuses personnalités et d’une très grande foule de fidèles. A la fin de la messe, Mgr Mulindwa proclama solennellement la clôture du Synode 1991-1992, ordonna que ses options et ses directives soient mises en application. La cérémonie se termina par la remise des diplômes à tous ceux qui avaient collaborés au bon déroulement du synode. La constitution d’un Comité post synodal chargé de suivre les applications concrètes des options et des directives émanent du Synode fut annoncée.

Malgré les incohérences juridiques notées dans la formation des « Orientations et directives »[23], il faut mettre au crédit de l’Archevêque le souci qu’il a eu d’associer le Peuple de Dieu à la réflexion sur une nouvelle manière de penser la pastorale diocésaine dans toutes ses composantes. La diversité des thèmes choisis et la gestion de toutes les rencontres ont montré une réelle maturité de l’Eglise de Bukavu et surtout une volonté d’abandonner les sentiers battus en s’orientant sur les voies nouvelles en affirmant : « Notre Eglise doit sortir de son immobilisme et initier une pastorale de libération consistant à conscientiser, former et informer les  chrétiens sur la nécessité de s’engager dans le domaine social et à prendre courageusement des responsabilités politiques afin de se libérer eux-mêmes et de contribuer à l’instauration d’une société dans laquelle l’homme est au centre et prend son destin en main »[24].

 

Conclusion

De  1966 à 1993, l’Archidiocèse fut dirigé par Monseigneur Aloys Mulindwa Mutabesha. C’est durant cette période que se consolidèrent les grandes structures diocésaines. Son épiscopat fut caractérisé par le lancement de l’expérience des Communautés Ecclésiales Vivantes, l’inculturation et la promotion intégrale de l’homme et la convocation et la tenue de synode diocésain. En tout il a prôné l’évangélisation en profondeur c’est-à-dire « enraciner, incarner le Christ et sa parole dans le cœur, la culture, la vie quotidienne » [25] de son peuples en inculturant l’Evangile. A la fin de son mandat l’Abbé Richard Kulimushi nous livre l’échographie des résultats pastoraux de son ministère :

 « L’Archidiocèse est composée de  6 doyennés répartis en 27 paroisses. Les paroisses sont subdivisées en 1933 communautés ecclésiales vivantes. Il existe 84 prêtres membres du clergé diocésain, 86 prêtres membres d’instituts religieux et sociétés de vie apostolique missionnaires, 30 religieux membres d’instituts de droit diocésain, 56 religieux et membres de société de vie apostolique missionnaires non-prêtres, 178 religieuses membres d’instituts de droit diocésain, 304 religieuses d’instituts missionnaires, 1 prêtre laïc Fidei donum et 1 diacre permanent. Outre les centre caritatifs et sociaux dont le nombre s’élève à 79, parmi lesquels 4 hôpitaux, 51 dispensaires, 11 orphelinats, 1 centre pour handicapés et 12 centres de développement communautaire, l’Archidiocèse de Bukavu regroupe plus de 163 autres centres pastoraux et sociaux organisés au niveau des paroisses. Pour l’exercice 1994-1995 les deux cycles du Grand Séminaire interdiocésain (philosophique et théologie) comptaient respectivement 43 et 35 étudiants pour le diocèse, tandis que le Petit Séminaire, lui aussi divisé en deux sections, rassemblait 239 séminaires. L’année de propédeutique préparatoire à l’entrée au Grand Séminaire avait 10 candidats. 273 écoles primaires et secondaires sont confiées par l’Etat à la gestion de l’Archidiocèse de Bukavu. Il existe une université catholique, érigée le 21 novembre 1989 par l’Evêque de Bukavu, et eux autres Instituts s’études supérieures créés à l’initiative du diocèse mais que l’Etat a ensuite nationalisés »[26].

En septembre 1993, l’Archevêque entreprit un long voyage en passant par Goma, Butembo-Beni, Bunia en direction de la Belgique. C’est plus tard qu’on saura qu’il avait démissionné de sa charge pastorale. Il était déjà d’une santé fragile et la situation financière de son diocèse était préoccupante. Malgré tout ce qu’il avait réalisé, il rencontra les dernières de son clergé et ses relations avec certaines familles religieuses n’étaient plus très cordiales. Il finira ses jours à Bruxelles dans l’anonymat en juillet 1997.

 

[1] A.G.M. Afr, En famille de février 1966
[2] A.G.M. Afr, En famille, février 1966.
[3] En date du 23 mai 1966, l’abbé Cyrile kamina sera nommé Camérier secret de sa Sainteté à l’occasion de son jubilé de 25 ans de prêtrise non seulement pour le travail apostolique accompli mais aussi comme modèle au sein du clergé dont il était l’ainé. Voici le texte de sa nomination :
« Secretaria Status Saanctitatis Suae
Sanctissimus Dominus noster Paulo PP.VI
Ad legere dignitatus est inter suos cubicularios intimos supra numerum Rev. Dominum Cyrillum Kmaina ex Archidiocesi Bukavuensis.Quod quidem eudem Rev. Domino Kamira opportune significatur »
Ex. Aed.Nat. die 23 mai 1966.
[4] Cf. A.G.M. Af., En famille, octobre 1966. Le même numéro retrace les dix articles du « mouvement » :
  • L’Ikera est une apôtre de Jésus-Christ
  • L’Ikera imite les vertus de la Sainte Vierge
  • L’Ikera reçoit les sacrements
  • L’Ikera récite chaque jour ses prières
  • L’Ikera garde les bonnes habitudes des mœurs et coutumes du pays : elle est polie, elle prend soin de tout, elle est obéissante, zélée au travail, prudence dans la vie, chaste et pure de cœur.
[5] Voici l’intégralité de ce texte :
« Paul VI Pont. Max
Dilecte Fili, salutem et Apostolicam Bénedictionem.
Preces ad nos admotas libeni benignire anime excipientes, ut singularis in te benevolentiae nostrace testimonium publice exhibeamus, quippê cum de catholcae rei profectu atque incremento non uno sis nomine bene meritus, te Alphonsum Runiga ex Archdioecesi Bakavuensi, Antistem Urbanum seu Prelatum Domesticum eligimus, facimus ac renuntiamus. Tibi proptera potestatem tribuimus Domesticul eligii=mus, facimus acr renuntiamus. Tibi proptera postestatem tribuimus honoribus, privilegiis et pracrogativis utendi, quae ex Constitutione praesertim interr multiplices S. Pii PP.X cum hac dignitate sunt coniuncta ».
Datum Romae, apud. S. Petrum, die XXVI menis octobris anno MCMLXVI.
S.H.J. Card. Cicognati : A.G.M.Afr., En Famille, Février 1967.
[6] Mgr MULNDWA MUTABESHA, « Lettre pastorale de carême 1970. La famille et le mariage, Archidiocèse de Bukavu », Dossier RD.Congo XXX, Misc. Afr. 58,999 Zaï Misc. 154.s
[7] Mgr MULINDWA MUTABESHA, « Lettre pastorale de carême 1971. La justice et la charité fraternelle par Monseigneur Mulindwa », Dossier R.D Congo XXX, Misc. Afr. 58, 999 Zaï. Misc. 151.
[8] A.G.M. Afr, « Rencontre avec les Supérieurs responsables des congrégations et Associations religieuses, Archidiocèse de Bukavu », Dossier R.D Congo XXV, Misc. Afr. 61. 999 Zaï. Misc. 85. Le document est accompagné d’une annexe des âges
[9] A.G.M. Afr., « Assemblée plénière de l’épiscopat Zaïre : Notre foi en Jésus-Christ », Dossier R.D.Congo XXV, Misc. Afr. 6+1, 999 Zaï. Misc 198.
[10] A. MULINDWA MUTABESHA, « Les communautés chrétiennes vivantes », Dossier R.D Congo XIII, Afr. 41, 370 Zaï, Misc
[11] A. MULINDWA MUTABESHA, « Lettre pastorale 1981. Je suis chrétien », Dossier R.D Congo XXX, Afr., 58, 999 Zaï., Misc. 456.
[12] A. MULINDWA MUTABESHA, « Lettre pastorale 1981. Je suis chrétien », 23-24
[13] « CEPKI : Quiconque est contre la vie », Dossier R.D Congo XIII, Afr. 41, 370 Zaï, Misc. 32.
[14] « CEPKI/ : Quiconque est contre la vie »,Dossier R.D.Congo XIII, Misc. Afr, 41 170 Zaï, Misc. 32,1.
[15] A. MULINDWA MUTABESHA, « Lettre pastorale. Avent 1985 Carême 1986 ». Dossier R D Congo XIII, Misc. Afr. 41, 370 Zaï, Misc 28-32.
[16] La lettre par laquelle l’évêque annonçait la convocation du Synode diocésain de Bukavu prévu de Noël 1990 à Noël portait le titre « Le temps favorable ». Lettre polycopiée donné à Bukavu le 25 décembre 1989 par Monseigneur Mulindwa Mutabesha. Elle sera qualifiée plus tard dans le décret de promulgation des « Orientations et directives » du Synode diocésain comme « Lettre pastorale : Vous serez mes témoins » (Act 1,7). Il s’agit donc du premier synode diocésain célébré par l’Eglise particulière de Bukavu. Nous citons la lettre pastorale. La clôture du Synode interviendra en fait en Pâques 1992.
 
[17]  La lettre par laquelle l’évêque annonçait la convocation du Synode diocésain de Bukavu prévu de Noël 1990 à Noël portait le titre « Le temps favorable ». Lettre polycopiée donné à Bukavu le 25 décembre 1989 par Monseigneur Mulindwa Mutabesha. Elle sera qualifiée plus tard dans le décret de promulgation des « Orientations et directives » du Synode diocésain comme « Lettre pastorale : Vous serez mes témoins » (Act 1,7). Il s’agit donc du premier synode diocésain célébré par l’Eglise particulière de Bukavu. Nous citons la lettre pastorale. La clôture du Synode interviendra en fait en Pâques 1992.
[18] A MULINDWA MUTABESHA, Vous serez témoins, 10
[19] A. MUTABESHA MULINDWA, Vous serez mes témoins, n° 7,10
[20] Voici la liste des conférences de la première session :
  • Le rôle d’un synode diocésain, par Mgr Th. Tshibangu, Evêque auxiliaire de Kinshasa.
  • Le peuple de Dieu comme témoin dans la Bible et le concile Vatican II, par l’Abbé Ruhamanyi.
  • L’Eglise, communion participation responsable, par l’Abbé V. Mulago, secrétaire général du synode.
  • La constitution du peuple de Dieu, par l’Abbé Alphonse Kakule, professeur au Grand Séminaire de Murhesa.
  • L’Eglise particulière de Bukavu, des origines à nos jours, par l’Abbé Théophile Kaboy, Directeur du Bureau diocésain de développement à Goma.
  • Les communautés ecclésiales vivantes dans l’Archidiocèse de Bukavu par Mgr François Xavier Mitima, Vicaire Général.
  • L’inculturation du message révélé dans notre Eglise locale, par l’Abbé Jean-Baptiste Ruhangamugabo, Directeur adjoint du C.D.P.C.L.
  • La proclamation et l’accueil de la Parole de Dieu par l’Abbé Etienne Mbilizi, Vice-recteur du théologat Saint Pie X de Murhesa.
  • De la prière du cœur par le Père Van Wielendaele des Missionnaires d’Afrique.
  • Les sacrements de l’initiation chrétienne par l’Abbé Bonaventure Miirndi, Recteur du théologat Saint Pie X de Murhesa.
  • La pastorale de la réconciliation, par le Père G
  • Pessina, curé doyen de paroisse de Birava.
 
[21] A. MULINDWA MUTABESHA, Vous serez mes témoins, 16
[22] Voici la liste des conférences de le deuxième session :
  • Evangélisation et promotion humaine-développement par l’Abbé Pierre Cibambo, Directeur du Bureau Diocésain de Développement et des œuvres sociales.
  • Justice et paix par Maître S. Munganga assistant à l’I.S.D.R et l’U.C.B et agent.
  • La formation de la jeunesse au primaire et au secondaire par Monsieur J. Matabaro, Coordinateur régional des écoles conventionnées catholiques au Sud-Kivu.
  • La formation supérieure et universiatire par le Professeur Jean-Charles Magabe, secrétaire académique de l’Université Catholique de Bukavu.
  • Mouvement e jeunes et jeunesse on encadrées par le Père Georges Defour, des missionnaires d’Afrique et le Père André De Ridder, de la communication sociale par le Père R. Gripekoven, des missionnaires d’Afrique
  • Les intellectuels et les professions libérales par le Docteur Balegamire et le Père Gallez, sj.
  • La responsabilité du chrétien dans construction de la communauté politique, par Monsieur Ferdinado Cimanuka Ntagayangabo.
  • Le chrétien face au tribalisme par l’Abbé Karhalya, Professeur et directeur spirituel au Théologat Saint Pie X de Murhesa.
  • Relation avec les non-chrétiens par Mgr Christophe Munzihirwa, Evêque de Kasongo.
[23]  R. KULIMUSHI MUTABESHA, La charge pastorale, 307-310
[24] ARCHIDIOCESE DE BUKAVU, Actes du Synode diocésain de Bukavu, Misc. 11,55
[25] A. MUKINDWA MUTABESHA, Priorités pastorales de l’Eglise de Bukavu, 7.
[26] R.KULIMUSHI MUTABESHA, La chargé pastorale, 159, 160

3.Mgr Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo(1994-29 octobre 1996)

Nous allons présenter le contexte dans lequel Mgr Munzihirwa [1] commença son ministère et surtout son témoignage de vie comme « Zamu » au milieu de son peuple. Il mourra en martyr assassiné par les prédateurs qui le retenait comme un élément très gênant pour leur pouvoir dans la région !

Le début de son ministère

Après la renonciation au gouvernement du diocèse par Mgr Aloys Mulinwa, celui-ci fut remplacé par Monseigneur Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo[2] le 27 mars 1994. Ce fut le 01 août 1986 après son mandat de six ans comme Provincial des Jésuites de la Province d’Afrique Centrale que le Père Christophe Munzihirwa fut élevé à la dignité épiscopale comme évêque-coadjuteur pour le diocèse de Kasongo dans le Maniema. Son ordination épiscopale eut lieu à Rome le 9 novembre 1986. Rappelons-nous qu’en 1990, il succéda à Monseigneur Pirigisha. Le 15 septembre, tout en restant évêque du diocèse de Kasongo, il fut nommé administrateur apostolique de l’Archidiocèse de Bukavu. Son installation canonique eut lieu le 26 juin 1994.

A son retour à Bukavu c’est en qualité d’Archevêque qu’il vit le drame des centaines de milliers de réfugiés rwandais qui déferlèrent sur le Sud-Kivu à la suite des terribles événements fratricides d’avril 1994 au Rwanda. Ce contexte dictera l’action pastorale de Mgr Munzihirwa laissant malheureusement à l’ombre les acquis du Synode avec son « regard sur les perspectives d’avenir pour préparer le troisième millénaire en vivant dans la fidélité et le témoignage durant la dernière décennie de l’an 2000 ».[3]

Au niveau pastoral malgré sa santé fragile, Mgr Munzihirwa parcourait les paroisses et les communautés religieuses surtout celles de la ville parfois à pied à réconforter et conforter et prêcher la parole de Dieu beaucoup de chrétiens aiment participer à ses célébrations eucharistiques ! Sa liturgie était centrée sur le mystère du Christ, Rédempteur de l’homme. Toutes ses oraisons commençaient par l’invocation chantée « Bwana awe nanyi » avec une mélodie propre à lui. Il concluait ses célébrations par un chant de louage : « Nakushukuru e Bwana ou Kuzagi Nyakasane ». Il aimait parler de Dieu et des écrits des Pères de l’Eglise à ses compatriotes. Il disait souvent aux jeunes qu’il était « vieux » et qu’il revenait  à eux de lui donner la main et de marcher au loin sur les collines là où lui ne pouvait plus arriver. Sage au milieu des sages, jeune au milieu des jeunes, pauvre au milieu des pauvres, enfant au milieu des enfants, Mgr Munzihirwa marqua ses chrétiens par la puissance d’une simplicité de vie et un détachement réel des biens de ce monde. Il a souffert en voyant la myopie de ses compatriotes qui ne savaient pas lires et interpréter les signes des temps.

Pendant deux ans cet homme, par de nombreuses prises de position courageuses, proposa un chemin de paix pour les Grands Lacs. Il attira l’attention du monde entier sur la tragédie en cours causée par le débarquement désordonné des réfugies dans on diocèses déjà surpeuplé. Il prônait une solution digne et confiance au droit international0. Il a mené son combat dans une cohérence absolue avec ses convictions évangéliques.

La démission lamentable de la plupart des responsables administratifs et militaires avait fait de Monseigneur presque  la seule autorité à s’occuper vraiment du sort de la population désorientée. Il s’était surnommé « zamu », ce qui veut dire gardien, sentinelle avec une mission particulière de veiller sur le sort de ses brebis en démarquant l’agresser et le voleur d’où qu’ils viennent. Il se montra à la hauteur de sa tâche.

Le « zamu » de son peuple

Le ministère épiscopal de Mgr Munzihirwa fut marqué par la situation socio-politique dans laquelle il a trouvé la mort. Nous allons découvrir ce prélat à travers la pertinence de ses écrits dominés par la cohérence de vie simple, d’abnégation et d’une remarquable lucide spirituelle, humaine et intellectuelle. Dans une brochure datant de 1963, il affirmait déjà ses ambages :

« Un pays qui n’a pas de ces hommes (choisis) ne peut faire un pas vers le progrès. Au contraire, il s’écroulera ou sera conquis par un peuple qui a de la sève spirituelle qui le fait chaque jour pousser plus haut. Car les ennemis de la partie ce ne sont pas seulement les soldats étrangers armés jusqu’aux dents, mais aussi les enfants du pays qui ne font pas leur devoir : ces vendus, ces profiteurs, les membres d’un parti politique qui sacrifient toute au profit du parti »[4]

La voix de cet homme déchirait les oreilles de tous ceux qui avaient un pouvoir civil. Il était la voix de sans voix, il avait vu en direct la misère de son peuple. La dictature du Président Mobutu  au service de son clan et ses protégés occidentaux avait détruit presque toutes les structures socio-politiques du pays et soumis presque toute la population à une clochardisation épouvantable ; la force de la justice était remplacée par la justice de la force. Ce sont des pauvres citoyens du pays. Et comme si cela ne suffisait pas, un fleuve de réfugiés vint se déverser dans le Kivu. Or, il n’existait plus en R.D.C de structure étatique capable de gérer cet afflux massif de réfugiés qui venaient aggraver encore ce qu’il dénonçait vigoureusement en affirmant : « la violation des droits de l’homme fait que notre continent est devenu le continent des réfugiés ».[5]

Pour savoir ce qu’il a dit ce qu’il tait exactement, il suffit de lire es vingt-deux lettres écrites entre le 18 avril 1995 et le 27 octobre 1996, soit deux jours avant son assassinat. Mais entre 1987 et 1991, sociologue de formation, il publia aussi neuf articles dans « Zaïre-Afrique »[6] avec une constante dans les thèmes traités : le développement, la paix, la nation, la démocratie, les valeurs culturelles, la famille, l’éducation. A part l’ouvrage de Philipe de Dorlodot qui reprend tous les messages du prélat durant les années 1994-1995, les déclarations de la Société Civile du Sud-Kivu, du GRAPES, du Jérémie, il existe un autre dossier[7] préparé parle même auteur et qui présente les prises de position à Bukavu en 1995 au sujet de la tragédie rwandaise et ses corollaires.

Une lettre soulignant la nécessite absolue de proposer le départ des troupes françaises de la Zone de sécurité, écrite le 17 août 1994 et adressé au président Françaises de la Zone de sécurité, écrite le 17 août 1994 et adressé au président Français Mitterand[8], aurait sans doute changé le cours des événements, mais manifestement les cartes étaient déjà jouées. En janiver 1995, le cardinal Danneels et Mgr J. Delaprte[9] furent eux aussi saisis de la situation par un appel à faire pression, en vue d’une sensibiliser les milieux catholiques occidentaux sur la gravité du drame en cours ! Les résultats attendus furent maigres ! Le 15 ami l’Archevêque, confiant dans les institutions, écrivit au Secrétaire Général des Nations Unies[10]  pour poser la problématiques des refugiés rwnadais ! Au niveau international ce drame n’a ému personne et ceux qui devraient sauver des vies humaines se sont cachés dernières leurs intérêts. Et la situation allait en se dégradent !

Sur terrain, certains voulaient profiter de cette situation chaotique pour leur positionnement politique et économique. Le prélat en avait le cœur gros et son message de Noël en témoigne quant il dit :

« Il y chez nous le mode des réfugiés, chassés de leur pays, qui aspirent y retourner sans savoir comment ! Quant à nous-mêmes, fils filles du pays, quelles oppressions ne subissons-nous pas ? Pour se rendre au marché avec petite marchandise, que de taxes ne doit-on payer avant, pendant et après le marché ! A chaque coin de la route, des hommes en uniforme militaire vous arrêtent et demandent des dollars. Où ces pauvres gens vont-ils trouver des dollars ? Est-ce que les militaires reçoivent leur solde en dollars ? On trouve trois, quatre barrières (…) Parfois ils vous ravissent tout ce que vous alliez vendre ou tout ce que vous avez gagné par un travail de plusieurs mois. Il faut voir les horribles scènes au Beach de Bukavu ou à la douane : une taxe pour le douanier, une taxe pour l’agronome, une taxe pour le Snip, une taxe pour l’AZOCAF, une taxe pour l’agronome etc. Et si vous n’avez plus rien à donner, ce sont des coups de matraque et parfois baïonnette, puis le cachot. C’st la raison du plus fort !  A quand l’Etat de droit ? Cela me rappelle la scène horrible que Livingstone avait vu à Nyangezi en 1874, lorsque les Arabes ont tiré sur les gens pour disperser le marché et prendre sans frais l’ivoires et les esclaves pour les emmener à Zanzibar »[11].

Et il concluait sa lettre de Noël avec cette pertinente invitation : « Au lieu de construire de murs idéologiques, qui séparent les ethnies, construisons ensemble des routes et des points qui encouragent et unissent ». Le chrétien était convaincu d’un fait : « Malgré l’angoisse et les souffrances, le chrétien qui est persécuté à cause de la justice trouve la paix spirituelle dans son assentiment profond et total à Dieu, en accord avec la vocation, qui le conduira peut-être à la mort, avec le désir et l’espérance que ses ennemis se convertiront un jour à l’amour de tous les hommes »[12].

La vie de Mzee Munzihirwa fut une croisade contre la guerre et l’injustice. Il proclama à temps et à contre temps les exigences de la paix et au moment décisif à temps de sa vie, au lieu de fuir et de se taire, il resta au milieu des siens comme quelqu’un qui sert. Car, « Si la violation du droit, dira un autre prélat, est à l’origine du conflit, il faut au contraire affirmer que la justice, dans la mesure où elle dit le droit, est à l’origine de la paix, car la justice rend à chacun ce qui lui est dû. Elle est en quelques sorte la mesure de l’être et de l’avoir de chacun en société »[13].

Mgr Munzihirwa était un chantre de l’espérance de libération personnelle, collective et totale que le Christ nous apporte mais dont l’homme doit être prêt à payer les prix[14]. Se référant à Mgr Claverie abattu en Algérie le 1er août 1996, à Mgr Ruhuna fauché le 9 septembre 1996 au Burundi et à Mgr Mzee Munzihirwa assassiné le 29 octobre 1996, Bruno Chenu résume pour nous le seul motif de leur élimination : « Ils avaient un grand tort, ces trois évêques : ils parlaient Haut et fort. Et leurs assassins avaient parfaitement compris que seule la mort pouvait les faire taire. Ils ont dit la vérité. Ils ont été exécutés. Ils ont paraphé leur ministère de pasteur de leur propre sang »[15].

Les problèmes meurent mais laissent des signes et des traces. On a retrouvé dans les archives de ce « Martyr de la paix » une prière méditation à l’occasion de son 25ème anniversaire d’ordination sacerdotale (17 août 1958-17 août 1883). Se référant à la lettre de 1 Pierre 4, 13 : « Si vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous. Lorsque se manifestera sa gloire, votre joie ne connaîtra plus de limite ». La « Semaine » de Bukavu affirmait :

« Avant mon ordination, j’ai souhaité que cette parole éclaires mes sentiers.

Depuis longtemps je supplie le Christ de m’accorder la grâce de conserver en mon cœur ce message. Que le souvenir de Sa Croix demeure au tréfonds de mon être, pour que je le suivre avec courage comme un vrai compagnon, et sans plus jamais m’en éloigner ».

Mort comme li a vécu

Son sort était prévisible. Le 29 octobre, le soir de l’occupation de la ville, en plein travail apostoliques, il est abattu froidement d’une balle dans nuques sur l’Avenu Nyawera (devenue depuis Avenue Mgr Munzihirwa), lors de la guerre des rebelles de l’Alliance de Forces Démocratique pour la libération du Congo. Le 31 octobre suivant quatre frères espagnols de la Congrégation des Frères Maristes, les frères Servando Mayor Garcia (44 ans), Miguel Angel Isla Lucio (53 ans), Permando de la Fuente (53 ans) et Julio Rodriguez Jorge (40 ans) assassinés dans la Paroisse de Kabare alors qu’ils étaient en pleine activité au service des réfugiés. Personnes n’a pensé ouvrir une enquête internationale et porter devant la justice les auteurs de se crimes ! S’il en a été ainsi d’un Mgr Munzihrwa, on comprend aisément quel allait être le sort des milliers de civils abattus depuis 1994 sur le sol congolais.

Monseigneur François Xavier Mitima alors Vicaire Général fut élu par le Collège des Consulteurs, le 5 novembre, comme Administrateur Diocésain de Bukavu et les samedi 22 mars 1197, Monseigneur Emmanuel Kataliko jusque-là Evêque de Butembo-Beni, est nommé Archevêque de Bukavu.

 

I.10. Conclusion

De l’Eglise missionnaire dans sa hiérarchie, nous sommes passés à l’Eglise locale. Ce chapitre nous a accompagné dans les diverses péripéties qui ont conduit à ce changement. Les protagonistes et leurs principales œuvres ont été relevés.

Riche de cette vision d’ensemble, dans les pages qui suivent, nous allons dégager la contribution des paroisses, des congrégations masculines et féminines, des MAC et GRAS et des Services Généraux dans la continuité de l’annonce des l’Evangile dans l’Archidiocèse.

[1] Né dans la paroisse de Burhale en 1926, il fit ses études primaires à la mission de Burhale. Après trois ans d’école normale, il entra au Petit Séminaire de Mugeri pour poursuivre les humanités greco-latrines. Il fut ordonné prêtre à Bukavu le 17 août 1958 dans la paroisse de Walungu après ses études philosophiques et théologiques au Grand Séminaire de Nyakabinda et de Moba (Baudouinville). Après cinq ans de ministère paroissial, il entra dans la Compagnie de Jésus le 7 septembre 1963. Il prononça ses vœux le 8 septembre 1965. A l’issu d’une année de recyclage d’abord à Kinshasa et puis en Belgiques, il entreprit ses études de sciences sociales et économiques de 1967 à 1969. Il fut appelé au Zaïre pour la direction spirituelle des jeunes jésuites et comme vicaire paroissial. Il a vécu en 1971 la contestation estudiantine qui aboutit à l’enrôlement forcé des étudiants dans l’armée. Il partagea volontairement cette expérience. En 1973, il travailla au Centre d’étude pour l’action sociale. Le 3 décembre prononça ses derniers vœux dans la Compagnie de Jésus avant d’assumer successivement les charges de supérieur (1977), puis de recteur de l’Institut de Philosophie St Pierre Canisius à Kimwenza (1978-1980) et de Provincial des Jésuites de la Province d’Afrique centrale (1980-1986). Cf. la notice biographique lue par le Père Frhi : A. CNOCKAERT, In Memoriam, 4-5.    

[2] Plusieurs écrits sont déjà publiés sur Mgr Christophe Munzigirwa. Citons parmi les travaux disponibles : D. MIRINDI, Père Evêque Christophe ; J. MUKABALERA, Mzee Christophe ; 1997 ; G. NENO-G KADJEMENJE, Cibles, 2002 ; Mgr C. Munzihirwa, sj., Serviteur et témoin,  1997 ; J.M.V. KITUMAINI, « L’agir socio-politique », 2014-217. Ses messages les plus significatifs ont été publiés par P. De DORLODOT, Les réfugiés rwandais, 1996. Il s’apellait Christophe : « Qui porte le Christ » ; Munzihirwa : dans la langue Shi signifie « Celui pour qui  on chante (danse) » ; Mwene Ngabo signifie « Fils du peuple, fils ou l’homme du peuple ». Il a bien mérité son nom. Une poésie spontanée composée par Déogratias Mirindi de la paroisse de Bagira, bien que suscitée par l’émotion de l’assassinat, retrace ce que le Pasteur représentant dans l’imagination collectif de ses chrétiens :

Christophe craignant Dieu

Humble de cœur dans son agir

Riche d’esprit pour discerner

Imbibé d’amour dans travail

Sage et justice par nature

Toujours souriant dans ses relations

Offert cruellement et holocoste

Père Munzihirwa Christophe assassiné

Hommage à toi combattant du Seigneur

Entré saintement dans la paix infinie

Munzihirwa modèle et martyr en notre temps

Uni désormais à celui que tu as servi

Naguère bon pasteur au milieu de nous

Injecte, par ton sang versé, un nouvel esprit

Humain et honnête pour servir tes semblables

Inquiétant ainsi les malhonnêtes et les « sans-loi »

Régnant sur toute notre planète en véritables

Walkman fidèle de la voix du Seigneur

Evangélisateur et éducateur par sa vie

Noble dignitaire de l’Eglise du Christ

Evêque pour et avec les croyants de Dieu

Nationaliste conscient de ses responsabilités

Gagné constamment à la cause des « sans-voix »

Abba Christophe Munzihirwa a, en fils intègres du pays

Bu serinement sa coupe jusq’à la lie

Odieux drame du mardi 29 octobre 1996 », in A.  CNOCKAERT, In Memoriam, 26

 

[3]

[4] C. MUNZIHIRWA, Soleil du Kivu, 10.

[5] C. MUNZIHIRWA, « Afrique », 912. « En ces jours, où l’on continue à creuser des fosses communes, poursuit-il dans sa lettre pastorale, où la misère et la maladie traînent sur des milliers de kilomètres de routes, de pistes, de sentiers, de collines, refuge, de camps, nous sommes particulièrement interpellés par le cri du Christ sur la Croix : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font, 913.

[6] Nous trouvons quelques extraits de ces articles, in « In Memoriam », 456-457

[7] Cf. De DORLODOT, La tragédie rwandaise, 1995.

 Août [8] « Lettre de Mgr Munzihirwa Christophe au président Français Mitterrand en date du 17 août 1994 ».La même lettre fut adressée au Secrétaire Général des Nations UNIES Butros-Boutros Ghali, à Edouard Balladur et au Cardinal Etchegary, Président de la Commission pontificale Justice et paix, in P. De DORLODOT, Les réfugiés rwandais, 110.

[9]« Lettre de Mgr Christophe Munzihirwa au Cardinal Danneels », In P. De DORLODOT, Les réfugiés rwandais, 164-165.

[10] Cette même lettre fut adressée au Président de la Commission européenne, au Cardinal Secrétaire d’Etat au Vatican, et au Haut Commissaire aux Réfugiés à Genève. « La population souhaite se  réconcilier et vivre en paix » mais le contexte socio-politique était miné et cela n’était plus possible sans une réelle volonté de ceux là qui présudent au destin des peuples en ce monde.

[11] C. MUNZIHIRWA, Dernière Lettre de Noël, 1995.

[12] « Refléxions inédites des Mzee Munzihirwa », IN A CNOCKRAT, IN Memoriam, 38

[13] L. MONSEGWO, « Comprendre les origines », 135

[14] C. MUNZIHIRWA, « Pour un chrétien », 411

[15] C. MUNZIHIRWA, « Pour un chrétien », 411

 

[16] ARCHEVECHE BUKAVU, Lettres pastorales et messages, 10.

[17]

[18] ARCHEVECCHE BUKAVU, Reportage de prise de possession, 1997.

[19] ARCHEVECHE BUKAVU, Session post-synode, 33.

[20] Devant la désertion du pouvoir public, l’Eglise s’improvise fort heureusement parfois dans plusieurs domaines. Ici  le prélat devient géomètre, cantonnier quant il dit « Vous vous rappelez qu’à cause des constructions anarchiques à des endroits non appropriés, les eaux de pluie avaient emporté en septembre 1996 beaucoup de familles et détruit beaucoup de maisons. C’est pourquoi nous devons faire quelques choses avant la prochaine saison de pluie en septembre. Il faut canaliser les eaux pour empêcher de détruire ce qui reste encore. C’est pourquoi nous faisons appel à votre générosité pour lutter ensemble et sauver votre ville ». E. KATALIKO, Message avec chrétiens, 1998.

[21] E. KATALIKO, Lettre pastorales pour l’Avent 1997 ». C’est dans cette pastorale que le prélat cite le fameux message de Paul VI à l’ONU en 1965 : « Les uns contre les autres » nous ne gagnerons jamais la guerre, « les uns avec les autres » nous pouvons « gagner la paix » (Bukavu) le 13 août 1998 : « En toute circonstance, je dois respect de toute vie de la vérité et de la dignité humaine ». Un mois plus tard en plein désarroi de la guerre, infrangible, dans « Message aux chrétiens et hommes de bonne volonté : Soyez forts et courageux. Les Seigneur ne nous abandonnera pas », le 24 septembres 1998, le prélat invite à lever le regard vers le Seigneur : « Qu’il touche le cœur de tous les responsables politiques et miliaires qui sont à l’origine de cette guerre et qui devant Dieu et devant le peuple. Qu’ils comprennent jamais le bien d’un peuple ne peut s’obtenir par la seule guerre ! Que les souffrances et le sang de tant de victimes innocentes touchent leurs consciences et les poussent à une recherche rapide de la Paix ». Dans « Un cri de détresse du peuple congolais aux peuples des U.S.A », lancé à la veille de Noël 24 décembre 1998, le prélat oreille sûrement à cause d’une complicité et d’un sadisme à outrance quand il dit : « Nous avons beau nous  plaindre des violations de nos droits les plus élémentaires des personnes et des peuples ; le monde fait sourde oreille parce que une idéologie plus grande a été mise en circulation à côté de laquelle tout le reste est relatif. La génocide devenu idéologique fonctionne comme un chèque en blanc offert par l’administration actuelle des U.S.A. aux pouvoirs actuellement en place au Rwanda et en Ouganda pour faire n’importe quoi à toutes les communautés environnements en toute impunité ». « Que cesse l’aveuglement de l’opinion mondiale par une Propagande unilatéral la culpabilité de Monseigneur Kaboy en s’adressent aux chrétiens de Bukavu qui suscitèrent un cortège de soutien presque mondial.  Le 14 février la Curie épiscopale de Noto par la voix de son évêque Mgr Malandtino Giuseppe témoigna sa solidarité au prélat : justement pour avoir défendu la vérité votre lettre pastorales de Noël, pour avoir dénoncé avec courage la malhonnêteté, les malversations et les meurtres des innocents et pour avoir fortement (combattu) tout le mal dans l’administration et dans la gestion du pays ». Le diocèse de Bukavu ainsi que le prélat en exil ont reçu aussi un témoignage de charité de la part de Mgr François Favreau, évêque de Nanterre ainsi que les présidents du Secours Catholique et du Comité Contre la Faim pour le Développement de même diocèse. Le Cardinal Bernard Law, Archevêque de Boston, Président du Comité de Politique Internationale de la Conférence Catholique des Etats-Unis s’est adressé à son Excellence Edith Grace Sempala, Ambassadrice de la République d’Uganda a Washington en ces termes : « Le Saint-Père a traité cette arrestation de grave violation qui injure terriblement tous les Catholiques ».          « Le Département d’Etat américain s’inquiète du sort de l’Archevêque de Bukavu.  Washington demande aux rebelles du RDC et au gouvernement du Rwanda de permettre le retour immédiat du prélat dans son diocèse » pouvait-on capter à la « Voix de l’Amérique » le 16 et 17 mars. Lors de la 56ème session de la Commission des Droits de l’Homme à Genève, M. Roberto Garreton, rapporteur spécial sur la situation des droits de l’hommes en RDC précisait le 29 mars : « Le Rassemblement Congolais pour la Démocratie devrait (…) autoriser sans délai le retour de l’Archevêques de Bukavu dans  son diocèse.

[22] A partir de ce moment le monde entier, appartenances religieuses et tendances  politiques confondues, jeunes et vieux, ont condamné ce sort qu’on veniat de réserver à cet homme.

[23] En plein exil, il rédigea plus tard le 15 mars 2000 son message de carême aux fidèles de Bukavu : « Si Dieu est pour nous qui sera contre nous ? » (Rm 8,31-39).

[24] « Relation de l’Eglise de Bukavu », 296

[25] E. KATALIKO, Sois fort et prends courage, 1998

[26] E. KATALIKO, Un an de détresse, 1998

[27] E. KATALIKO, « Récuser la voie des armes et de la violence au Kivu », 296.

[28] « L’Espérance ne trompe jamais » (Rm 5,5) signée à Bukavu le 24 décembre 1999.

[29] E. KATALIKO, « Récuser la voie des armes et de la violence au Kivu », 295.

[30] Voici un vibrant témoignage  sur les circonstances de la mort de ce jeune prêtre ordonné le 21 juillet 1996 dans sa paroisse natale de Burhale : « La regione del Kivu stata devasta da una guerra tra le più violente del l’African che ha portato con se numerose stragi.

[31] E. KATALIKO, « Récuser la voie des armes », 296

[32] E. KATALIKO, Lettre pastorale de Carême, 1999

[33] E. KATALIKO, Lettre pastorale des Carême, 1999

[34] E. KATALIKO, « Résurrections avec le Seigneur ».

[35] Apprenant cette mort tragique, le pape par la voix de son Secrétaire d’Etat le Cardinal Sadano enverra ce message aux participants du SCEAM le 5 octobre 20000 : Gardant dans la mémoire du cœur le souvenir de ce pasteur courageux qui, dans des situations tragiques, a annoncé avec abnégation le message évangélique d’amour et de réconciliation, partageant pleinement les épreuves de son peuple, le Saint Père le confie à  la miséricorde divine et implore le Seigneur de faire aux habitants de la région des Grands Lacs le don de la paix afin que tous puissent vivre dans la Sécurité et dans la dignité ».

[36] Cf. R KULIMUSHI, La charge pastorale, 411s.

4.Mgr Emmanuel KATALIKO(1997-2001)

Nous allons présenter brièvement l’homme et son ministères épiscopal à Bukavu en relevant l’originalité de son témoignage pastoral jusqu’à la fin de sa vie.

L’homme et son ministère

Mgr Emmanuel est né à Lukole, diocèse de Butembo-Beni, au Nord-Kivu en 1932 ; ordonné prêtre le 20 décembre 1958 et nommé Evêque de Butembo-Beni le 17 mai 1966. Il fut nommé Archevêque de Bukavu le 22 mars 1997 et intronisé le 18 mai 1997. Relégué dans son diocèse d’origine le 12 février 2000, libéré sept mois et deux jours plus tard, il se rendra à Rome le 20 septembre 2000 où il est décédé le 45 octobre 2000 en sa 34ème année d’épiscopat.

Il fut inhumé à la Cathédrale de Bukavu le 10 octobre 2000 à côté de Mgr Munzihirwa selon ses propres vœux. Doyen  des évêques de la RCD, il fut Président de la Commission Justice et Paix pendant quatre ans et à la fin de sa vie Vice-président de la Conférence des Evêques de la RDC depuis juillet 2000. Il n’a même pas eu le temps d’exercer ce dernier ministre. Sa devise fut : « Duc in Altum, Mater Ecclesiae ».

Au cours de sa première homélie, le jour de la Pentecôte et de la prise de possession canonique de son diocèse le dimanche 18 mai 1997. Mgr Kataliko confia à ses chrétiens : « C’est pourquoi, il nous revient à nous tous, prêtres religieux, religieuse et laïcs de continuer l’œuvre de nos prédécesseurs, à savoir conjuguer nos efforts pour l’édification de notre Eglise de Bukavu dans l’humilité, la simplicité, l’honnêteté, la compréhension, la collaboration non seulement dans les paroles et les discours, mais aussi et surtout dans les actes et dans la[16] vérité, tenant compte de la grâce de Dieu, de l’aide et du soutien de la Sainte Vierge[17].

A Bukavu, Monseigneur  Kataliko succéda à un martyr et rencontra un peuple fatigué d’enterrer les siens mais qui ne perdait pas courage. A peine installé dans son ministère épiscopal, Mgr Mitima lui dira :

« Vous arrivez à Bukavu au moment où de graves défis se dressent sur le chemin de votre activité apostolique (…). Les pays des Grands Lacs vivent dans la tourmente des guerres tribales est ethniques. L’Afrique est le continent où il y a le plus de réfugiés au monde. Votre évangélisation visera à toucher les cœurs, pour que finissent le tribalisme, l’ethnocentrisme, l’égocentrisme et les discriminations, afin que règnent l’esprit de réconciliation, de respect mutuel d’entraide, de fraternité »[18].

Le nouveau pasteur fit de l’unité le cheval de bataille de sa mission. Il fut bien accueilli parce qu’il avait en commun avec son prédécesseur la simplicité et la spontanéité dans ses rencontres avec les gens. Qui le cherchait le trouvait et toujours et toujours avec un sourire ou un clin d’œil, il pouvait résoudre un problème qu’on croyait impossible ! Il visitait paroisse et communautés. Il savait blaguer et s’étonnait de trouver que les chrétiens avaient tendance à s’accuser mutuellement chez lui. Il en a confondu plus d’un. Malgré son âge, il s’employa à l’apprentissage de la langue locale le Mashi.

Son bureau était ouvert à tous. Il n’avait pas de service de protocole. Et il ne ratait pas une seule occasion de dire ce qu’il pensait à qui l’interrogeait au sujet des conflits qui endeuillaient son diocèse et tout le pays. Il n’aimait pas la diplomatie et les demi-mots. Il était un homme pragmatique et réaliste. Il aimait la vie simple et partageait ses joies avec les autres. En fait, qui sait son milieu d’origine le comprend facilement, au sein du clergé, s’il apprenait qu’un prêtre ne gérait pas bien le patrimoine de la communauté, il n’hésitait pas à prendre des mesures conformes à la sagesse pastorale. Malgré sa simplicité, ses messages pastoraux étaient d’une pertinence remarquable.

Il ne supportait pas de composition quand la vérité était menacée. C’est ce genre de comportement qui lui attiré la haine. Il savait que sa tête était mise à prix les prédateurs dans la région. Il avait dit à tout le monde s’il mourait, il voulait être enterré à côté de la tombe de son prédécesseur. Sa prophétie ne tarda pas à se réaliser ! Ce lieu est devenu comme Jérusalem dans les Actes des Apôtres, lieu à partir duquel et vers lequel converge toute la mission de l’Eglise de Bukavu. Même les enfants qui dans la tradition shi répugnent les tombes trouvent en ce lieu un rendez-vous de prière et de rencontre. En fait ces deux prélats « ne sont pas morts ». « Ils sont vivant ».

« Donner ma vie pour ceux que j’aime »

Deux mois après son installation canonique, le nouvel Archevêque s’inscrit dans la continuité pastorale de ses prédécesseurs en nommant le 29 juillet 1997 les membres du comité pst-synodal et plus tard, le 25 décembre, en annonçant et en convoquant la session du synode diocésain qui avait réuni 500 participants, il était temps d’évaluer la volonté synode du Peuple et de Dieu dans un esprit qui s’adapte au tournant que prenait l’histoire du pays et de l’Eglise locale », affirmaient les modérateurs de la session car disaient-ils « le programme d’action pastorale situe notre Diocèses dans une triple transition au sein d’un cadre fortement fragilisé par les impacts des événements troublants que vit l’Afrique Centrale [19]».

On a reproché à l’Eglise durant l’épiscopat de nos évêques martyrs de prendre à l’époque et même aujourd’hui encore la place de l’Etat. L’Eglise n’a pas eu d’autre choix dans le contexte qui était le nôtre[20].

Que fait une Eglise au milieu d’une population (9 pge 103)  sans droits et soumises à des taxes quotidiennes ? Que fait en effet une Eglise qui a à faire à un pouvoir qui pendant 40 ans n’a construit aucune école, aucun hôpital, aucune nouvelle route dans de nombreuses régions du pays et dont le seul intérêt est de tenir les vielles et au présente et qui lutte au côté des populations livrées à l’arbitraires de quelques agents de l’administration publique. C’est pour limiter les dégâts que l’Eglises s’est vue souvent contrainte de s’engager sur tous les fronts et il est certain que sans son action des dizaines de millions de Congolais auraient péri.

Etre vraiment la voix, c’est le  rôle de l’Eglises dans tout pays en conflit ou en proies à la dictature et à l’opposition :

« Devant ces guerres, avertit le prélat, qui ont comme conséquences grave la déchéance morale, spirituelle et sociale de nos peuples, l’Eglise, comme Mère et Maîtresse, ne peut se taire. Elle a l’obligation de parler et de prêcher aux hommes de nitre notre pays l’évangile de la dignité humaine de la paix»[21].

Contribuer à faire connaître la vérité sur ces conflits à ne pas se laisser piéger par ceux qui se servent des dits conflits pour les intérêts, c’est le rôle essentiel de l’Eglise. C’est cela sa mission prophétique : être témoin de l’Espérance qui ne trompe pas parce que « l’Amour de Dieu a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,45).

Mission passionnante, exigeante, dangereuse, mais laquelle une Eglise ne peut se dérober. C’est cette option que l’Eglise du Congo et celle de Bukavu pu adopter.  Il a fallu être neutre, impartial. Cela n’a jamais été facile et ce n’est pas ce que voulaient les fauteurs de troubles. Leur principe a été toujours : qui n’est pas avec nous est contre nous !

C’est pourquoi ils ont tué Mgr Munzihirwa. C’est pourquoi ils ont envoyé Mgr Kataliko en exil pour précipiter sa mort. C’est pourquoi ils redoutent l’Eglise Episcopale du Congo tenue à Kinshasa, l’Archevêque fut empêché de rejoindre son diocèse de Bukavu à l’aéroport de Goma, alors contrôlé par les rebelles du Rassemblement Congolais pour la Démocratie[22]. Il fut relégué à Butembo par les dirigeants de ce mouvement rebelle. Il y vécut en exil[23] forcé pendant sept mois de deux jours car il fallait qu’il « succombe et qu’il meure, mais qu’il meure sans que l’opinion publique, dans son impartial justice, puisse jamais découvrir ni l’instrument du crime, ni la main du bureau » pour reprendre les réflexions d’un auteur anonyme parlant de l’exil et des souffrances de Saint Jean Chrysostome.

Tout commença quant le 10 février 2000, à 20h°°, la radio BBC annonça que Mgr Kataliko a été déclaré « personna non grata » par le RCD. Mais curieusement le 11 février le gouvernement de Bukavu, Norbert Basengezi ainsi que Joseph Mudumbi, chef du département de l’administration du territoire déclaraient ignorer le sujet qui faisait la une des médias. Le lendemain, le même gouverneur réaffirmait au cours d’un interview au journal radio diffusé de 70h30 » et de 13h°° à la RTNC qu’il n’y avait aucun problème entre le RCD et le prélat et qu’il était le bienvenu dans la Province. Mais personne ne savait où était le pasteur. Et surtout de quel forfait était-il accusé et par qui ? D’où la protestation des fidèles : « Remettez-nous notre Pasteur »[24]. Et une grève générale jamais vue à Bukavu depuis 1906 allait toucher tout le diocèse. Pour marquer un grand coup on procéda même à la suppression des célébrations eucharistiques pendant quelques jours.

Mais les événements allaient se précipiter à cause d’une confusion générale et des brouillons entretenus dans les médias. Le 16 février le présidant du RCD, Dr Ilunga déclara à la télévision de Goma que Monseigneur Kataliko allait bientôt rentrer dans son diocèse et qu’il serait là lui-même pour l’accueillir. Mais le 21 février la même personne faisant le point cette fois-ci à partir de Kigali au micro de la Voix de l’Amérique en ces termes : « Nous sommes toujours d’accord sur la mesure de l’éloignement qui a été prise parce que Monseigneur avait d’abord publié une lettre pastorale qui préconisait la résistance vis-à-vis  de l’occupation mais également développement le discours de violence et de haine[25].

En réalité Mgr Emmanuel gênait par ses paroles, ses actes et par la cohérence de sa vie. Ses lettres pastorales contenaient un message manifestement embarrassant pour le mouvement rebelle qui contrôlait la région. D’où la volonté d’imposer le silence au prélat. Conscient de ce que les barbais humaines se nourrissent du silence, celui-ci s’opposait farouchement à la loi du silence qu’on  tentait de lui importer. Ainsi le 24 septembre il avertissait :

« La guerre risque de détruire à la racine tout effort de dialogue, de tolérance et de fraternité. Face à la violence, souvent brutale et aveugle qui déferle de tout côté, efforçons-nous de résister avec toute la force de notre foi sans nous laisser entraînés par un égal esprit de violence. Répondre à la violence par la violence n’est jamais la vraie solution mais plutôt une façon de se laisser dominer par le mal qu’on voudrait combattre ou éliminer. Face à la jalousie et au mensonge, que chacun s’abstienne de raconter de fausses nouvelles qui peuvent semer la confusion et la nervosité dans les esprits, la déformation des paroles dites et la vérité créent des inimitiés »[26].

Dans le message de l’Avent en dates du  5 décembre 1998, conscient de la gravité du moment le Pasteur renchérissent en ces termes : 

« L’expérience de l’histoire, au tour de nous, comment les peuples ou des communautés qui ont su dépasser leurs rivalités, ont construit une paix et une prospérité durables. Pourquoi croit-on qu’en Afrique Centrale l’accentuation des extrémismes ethniques constituerait une solution? Nous souhaitons que, à l’interférer comme, les uns et les autres dépassent leurs peurs, leurs ambitions et leurs égoïsmes pour que les citoyens de notre pays voisin  travaillent à la réconciliation nationale, à la démocratie et à la bonne gouvernance. Nous devons comprendre que cette paix n’est pas seulement le don de Dieu que nous devons comprendre que cette paix n’est seulement un don Dieu que nous implorons tous les jours avec ferveur mais qu’elle doit être aussi et surtout le fruit de notre engagement quotidien autant des valeurs chrétiennes et humaines de la confiance, de la justice, du travail (…). La paix n’est pas d’abord le résultat d’une lutte armée mais surtout le fruit d’un combat humain, culturel et spirituel ardu »[27].

Ce fut surtout le message de Noël 1999 qui fit couler beaucoup d’encre à cause de sa clarté et la profondeur de son analyse. Aujourd’hui comme dans le passé, nous sommes appelés à « découvrir notre dignité d’hommes libres » disait le prélat sur un ton grave :

« L’Evangile, poursuit-il, nous pousse à récuser la voie des armes et de la violence pour sortir des conflits. C’est au prix de nos souffrances et des prières que nous mènerons le combat de la liberté, que nous amènerons également nos oppresseurs à la raison et à leur propre liberté intérieure (…). Nous avons le sentiment que par delà des faits isolés rapprochés à l’un ou l’autre, à raison ou à tort, il y a une stratégie qui vise à détruire tout ce qui est considéré par le peuple comme sacré. Une fois détruit le noyau autour duquel se construisent la cohésion  et l’identité communautaire des peuples, il serait plus facile d’une idéologie et d’un système totalitaire qui veulent s’imposer à tout prix »[28].

Et pour dénoncer l’exploitation dont les siens étaient devenus l’objet, il insurgeait :

« Des pouvoirs étrangers avec la collation de certains de nos frères congolais organisent des guerres avec des ressources de notre pays. Ces ressources qui devraient être utilisées pour notre développement, pour l’éducation de nos enfants, pour guérir nos malades, bref pour que nous puissions vivre d’une façon plus humaine servent à nous tuer. Plus encore notre pays et nous-mêmes ; nous sommes devenus objet d’exploitation. Tout ce qui a de la valeur est pillé, saccagé et amené à l’étranger ou simplement détruit. Les impôts collectés qui devraient être investis pour le bien commun sont détournés. Des taxes exorbitantes n’étranglent pas seulement le grand commerce et l’industrie, mais aussi la maman qui vit de son petit commerce. Tout cet argent sur nous, provenant de nos productions et dépose à la banque est directement prélevé par une élite venue d’on ne sait où ? [29]».

Dans sa lettre pastorale de Carême, « Courage j’ai vaincu le monde », il s’exprimait de nouveau en ces termes : « Bien qu’opprimés et humiliés aujourd’hui nous sommes appelés à rester fidèles au plan de Dieu qui est amour, dans le respect et la partage, dans la justice et la vérité sans nous laisser contaminer par la mentalité de l’oppression[30], l’abbé Walubakombe et les sœurs de Kasika, l’abbé Georges Kakuja (…) et tant d’autres chrétiens »[31].

Dans sa lettre pastorale de Carême, « Courage j’ai vaincu  le monde », il s’exprimait de nouveau en ces termes : « Bien qu’opprimés et humiliés aujourd’hui nous sommes appelés à rester fidèles au plan de Dieu qui est amour, dans le respect et le partage, dans la justice et la vérité sans nous laisser contaminer par la mentalité de l’oppression »[32]. Et pour soutenir le moral des fidèles il insistait :

« Ne perdons pas le Cœur : Ne nous laissons pas entraîner l’esprit du mal (…). Prions le Seigneur et demandons-lui que toutes les communautés en conflit dans notre Région des Grands Lacs trouvent un chemin d’entente pour vivre dans la paix sans distinction des tribus, d’ethnies et de races et respectent le lieu de vie de chacune des communautés. Cela éviterait à certains d’errer sans issue ou d’être contraint de vivre lamentablement en bandes armées de pillards et des assassins (…). L’amour pour Dieu et pour tout être humain donne un sens à notre souffrance, à notre lutte, à notre vie »[33].

Plus tard de son exil, il confia dans son message à la communauté diocésaine à l’occasion du jeudi Saint, presque dans un genre testamentaire :

« Mon temps de carême a été une période de méditation, de réflexion et d’union avec les mystère du Christ qui est venu sauver son peuple. Dans sa mission, sa souffrance la plus grade a été de constater le refus de don de son amour de la part de ce même peuple qu’il a été venu sauver il a été incompris, au point d’être condamné à mort. Mais dans sa fidélité à l’accomplissement de la volonté du Père, il a affronté avec sérénité la voie par laquelle devait se concrétiser ce salut, en se donnant par amour de Diu qui ses donne à l’homme mais je souffre moi aussi comme le Christ, chaque fois que cet amour est méconnu, trahi, méprisé. Je porte dans mon cœur la souffrance d’une vie incertaine et sans espoir du lendemain que vous menez. Plus grande est celle de ne pas êtres ensemble en ces jours où nous célébrons la victoire du Ressuscité sur les puissances du mal »[34].

Le 14 septembre l’Archevêque est libéré et rentre à Bukavu où  il est accueilli triomphalement. Le lendemain le 15 septembre, fête de la Vierge des douleurs, Mgr Kataliko célèbre une messe d’action de grâce avec son peuple retrouvé. Il s’adressa à une assemblée très attentive et dans son style très direct et simple il la fit vibrer à chaque phrase et à chaque geste. Son homélie fut d’une profondeur spirituel immense.

« Dans ta vie ne te décourage pas, sois courageux à tous moment, spis patient, sois un être de foi. Dieu nous demande d’être des personnes de foi. Et quant tu as des problèmes ne t’inquiète pas. Reste ferme en union avec Dieu Tout-Puissant et avec la Vierge-Marie (…). Se pardonner toujours. Même si le poids à porter est lourd, il faut toujours pardonner. Rendons grâce à Dieu pour tout ce qu’il a opéré, continuons à rester unis, aidons-nous, prions pour les autres et Dieu nous bénira. Restons aussi unis à la Vierge qui est notre mères et qui ne nous protège partout ».

Une semaine après, il se rendit à Rome pour participer au Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar où en pleine réunion le 3 octobre il exhortera ses collègues : « Nous devons parler, car le peuple souffre. Nus devons adresser en Afrique un message des réconciliation et de paix ». Puis subitement il tomba malade et mourut le 4 octobre 2000[35].

Le Seigneur a tout donné et il a tout repris ! Il sera inhumé à Bukavu le 10 octobre 2000, à côté de la tombe de défunt Mgr Munzihirwa, conformément à ses volontés.

Le lendemain, le mercredi 11 octobre 2000, entouré de 56 concélébrant pour la messe d’action de grâces, Monseigneur Jérôme Nday, Evêque de Kongolo, rendit public le nom de l’administrateur diocésain en la personne de Monseigneur Joseph Gwamuhanya, choisi par le collège des consulteurs 5 jours auparavant, c’est-à-dire, le vendredi 6 novembre 2000.

Le mercredi 18 avril 2001, Monseigneur Charles Mbogha Kambale, jusque-là Evêque du Diocèse d’Isiro-Niangara fut nommé Archevêque de Bukavu. Son intronisation canonique eut lieu le dimanche 3 juin 2001, à la Pentecôte.

Depuis Mgr Van Steene jusqu’à Monseigneur Kataliko les constantes suivantes se dégagent comme thème de l’enseignement dispensé au Peuples de Dieu de Bukavu : Famille et mœurs, doctrine sociale de l’Eglise (politique et développement économique), vertus chrétiennes. L’insistance sur les problèmes de la société, notamment l’aspect politique dans la vie ecclésiale, imprime une note spécifique à la charge pastorale de l’évêque et caractérise presque toutes  les lettres pastorales[36]. Le grain de sénevé semé dans la terre est devenu un grand arbre sur lequel ont poussé des grandes branches !

 

5.Mgr Charles KAMBALE MBOGHA ( 2002-2005)

Mgr Charles Mbogha a remplacé Mgr Emmanuel Kataliko au siège archiépiscopal de Bukavu. Tomber subitement malade au cours de la messe de son installation canonique, le 03 juin 2001, il sera acheminé sa maladie a été long et très éprouvant.

Mgr Charles tou en souffrant dans son corps, dirigea l’Archidiocèse de Bukavu avec un cœur plein d’affection et de simplicité. Il aimait dire « C’est var ! » Il meurt le 09 octobre 2005 et est inhumé aux côtés de ses prédécesseurs Messeigneurs Christophe Munzihirwa et Emmanuel Kataliko devant l’entrée Est de la Cathédrale. Un endroit devenu pour les fidèles, lieu de prière et de souvenirs.

6.Mgr Francois-Xavier MAROY RUSENGO (2006-

Mgr François-Xavier MAROY Rusengo, alors Evêque  Auxiliaire, est élu Archevêque Métropolitain de Bukavu le mercredi 26 avril 2006, en remplacement de Mgr Charles Kambale Mbogha, avec lequel il partageait déjà la gouvernance du diocèse comme évêque auxiliaire depuis le 22 novembre 2004.

 La communauté diocésaine a appris avec grande joie la nouvelle de la nomination, par Sa Sainteté le Pape Benoit XV,  

Il est né à Bukavu le 01 septembres 1956 et ordonné prêtre le 19 août d’Aniello, Nonce Apostolique en R.D. Congo. Cette nomination est perçue comme une conclusion de la famille meurtrie et tourmentée par les décès successifs de ses pasteurs. A travers cette nomination, les fidèles perçoivent la réponse de Dieu à leur prière de demande d’un nouveau pasteur.

Le nouveau pasteur connaît ses brebis et ses brebis le connaissent. Il sera confronté à bien de défis. Notons l’évangélisation en profondeur, la crise de la foi, la famille, la femme, la jeunesse et l’éducation, la maladie, le chômage, la famine, la destruction de l’écosystème sans oublier les questions brûlantes du moment que sont la paix et la bonne gouvernance participative dans un Etat de droit.

L’Eglises-Famille de Dieu est à Bukavu a eu lieu la grâce des recevoir des pasteurs proches du peuple. Des hommes simples et très abordables sans arcanes de rite. Ces pasteurs ont toujours mené une pastorale de proximité où chacun et chacune se sent aimé, écouté et accueilli tel qu’il est dans la communauté diocésaine. Un tel élan et une telle chance sont une des clés de compréhension de l’enthousiasme et de l’amour que tout milieu du peuples par le service du peuple avec joie et sacrifices.

Avec les grâces du centenaires et confiant en Dieu selon la devise même du nouveau Pasteur, « Que ta volonté soi faite », nous bâtirons ensemble une Eglise Famille de Dieu dans ce beau diocèse que le Bon de Dieu nous a généreusement accordé.